Avec des chiffres plutôt impressionnants, dont celui du 6e meilleur démarrage de tous les temps au box-office mondial, Captain Marvel rencontre le succès populaire espéré par son producteur et boss de Marvel Kevin Feige. Mais au-delà de la satisfaction évidente que beaucoup éprouvent à voir une héroïne casser à ce point la baraque, le film mérite-t-il un tel engouement ?
Allez, évitons tout de suite la langue de bois, pour une fois, et allons droit au but. Captain Marvel est un bon blockbuster, et parvient très bien à remplir les attentes d'un film relatant une origin story. Ce n'est évidemment pas un chef-d'œuvre du 7e art, mais ce n'est pas vraiment ce qu'on attend des films de l'écurie Marvel, si ? Bon, on est d'accord. Penchons-nous maintenant plus avant sur ce qui a créé toute l'attente autour et qui aujourd'hui fait tout le succès de ce film : son héroïne.
Comme dit plus haut, nous avons affaire ici à une origin story, ou "histoire originelle" si vraiment on veut franciser cette expression typique du vocabulaire super-héroïque. Une origin story, c'est une histoire qui nous montre comment un personnage lambda devient un protagoniste important d'un univers donné, ici celui des super-héros et super-héroïnes nés sous la plume et les pinceaux de feu Stan Lee. Or il s'avère que pour la première fois chez Marvel – une entreprise qui rappelons-le domine le paysage cinématographique mondial, qu'on le veuille ou non, et donc parle à un maximum de spectateurs –, ce personnage est de sexe féminin. DC avait précédemment tenté la même chose avec Wonder Woman, et franchement c'était plutôt foireux (voir notre critique là), on est donc plutôt heureux de voir, sous nos yeux ébahis, naître la première super-héroïne véritablement badass de l'ère moderne.
Drôle, volontaire, intelligente, sensible et immensément puissante, Captain Marvel n'en reste pas moins Carol Danvers, une pilote de chasse douée, excellente camarade et, cerise sur le gâteau, jolie. On n'allait pas non plus baser un film au budget colossal sur un physique moyen, faut pas abuser, vous vous rendez compte des sommes en jeu ? Bon. Vous sentez certainement une légère pointe de sarcasme – voire d'archaïque misogynie – affleurer dans mon propos, et vous demandez peut-être à quel moment je vais déboiter cette chère Brie Larson. Que nenni mes amis ! car si le film fonctionne très bien, c'est en grande partie parce que son interprétation est sans faute, et que de ce fait elle éclipse toutes les considérations d'ordre sexiste et sociétal qui s'attachent immanquablement à son personnage.
On aurait pu vous dire que le film fourmille de références à la pop culture des 90's (énorme BO !), que les vannes fusent et que le duo formé avec Samuel L. Jackson (rajeuni avec beaucoup de justesse par la magie des ordinateurs) fonctionne super bien, que la dimension initiatique aurait mérité un film un peu plus long ou encore qu'on se demande ce que Jude Law fout là (lui aussi apparemment), mais tout ça n'a que très peu d'importance face au signal fort envoyé par Marvel avec ce premier film consacré entièrement (ça paraît insensé à notre époque, c'est pourtant vrai) à un personnage féminin.
Pour la première fois, nous avons donc affaire à une véritable super-héroïne, qui ne se définit pas comme telle par rapport à ses congénères dotés d'un pénis, qui saisit son destin à bras le corps et qui, au final, est la seule capable de changer le cours des événements funestes survenus à la fin d'Avengers : Infinity Wars (claquement de doigts, tout ça). Captain Marvel, c'est à beaucoup de niveaux, l'incarnation même de l'espoir.