Le Bonbon

Starlink : la conquête spatiale entre progrès, démesure et désillusion

Depuis Décembre, de nombreuses personnes ont été surprises en observant le ciel une fois la nuit tombée. En effet, elles ont pu apercevoir une myriade de points lumineux, en ligne, se déplacer d'un même mouvement. Si certains ont pu y voir un phénomène paranormal, ou ont pensé être pris d'hallucinations, l'explication est en fait bien plus rationnelle. Il s'agit en réalité de dizaines de satellites mis en orbite dans le cadre d'un projet développé par Elon Musk depuis 2015, dans le but d'offrir une couverture internet haut débit et universelle. Un projet qui ne fait pas l'unanimité.

Elon Musk, encore lui

Son projet ultime est de coloniser Mars afin d'y déplacer une partie de l'humanité. Ça en dit déjà long sur ce qui anime cet entrepreneur touche-à-tout. On le connaissait déjà grâce à des inventions qui ont révolutionné leurs domaines respectifs telles que Tesla pour l'automobile, Paypal pour les services de paiement en ligne, ou encore SpaceX dans le domaine astronautique. C'est justement sur ce « terrain » que l'entrepreneur de génie américain a cette fois créé la surprise. En effet, il a imaginé un système permettant une couverture internet haut débit qui pourrait à terme desservir le monde entier et en particulier les zones les plus sous-alimentées en connexion internet. Mais au delà de l'idée elle-même, c'est son application et ses réalités techniques qui sont avant-gardistes.

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Une constellation artificielle de satellites ... en mouvement

Une constellation n'est pas nécessairement naturelle. Elle peut être totalement artificielle et non si loin, malgré les apparences. Beaucoup de constellations artificielles de satellites gravitent déjà en orbite autour de la Terre. Mais ces dernières sont géostationnaires, c'est à dire qu'elles sont liées au mouvement naturel de rotation de notre planète, et sont situées à une altitude précise de 36 000 km. Leur immobilité et la grande distance les séparant de la surface de la Terre limitent leur action. C'est justement la nouveauté qu'apporte Starlink, avec des satellites mobiles se déplaçant à basse altitude. Les aller-retours effectués par les signaux sont bien plus rapides, ce qui réduit considérablement le temps de latence passant de 600 millisecondes pour les satellites classiques à en moyenne 30 millisecondes en moyenne pour ceux d'Elon Musk. Le débit est donc bien plus puissant, ce qui fluidifie certaines activités en ligne telles que la finance connectée ou les jeux vidéos.

Guerre des étoiles

Lors d'une belle nuit d'été, à la faveur d'un ciel dégagé, vous perdez votre regard dans les milliers d'étoiles qui scintillent devant vous. Imaginez maintenant que ces points lumineux ne sont finalement que des satellites, fabriqués et lancés depuis la Terre. Le charme poétique des nuits étoilées en prend un sacré coup … C'est pourtant sans doute ce qui va arriver. Pour le moment, un peu plus de 300 satellites ont été lancés par Starlink. Mais le projet en prévoit in fine quarante fois plus, soit un total de 12 000 appareils. Sans compter les projets concurrents qui germeront par la suite.

Les astronomes du monde entier, professionnels comme amateurs ont fait entendre leurs voix face à ce phénomène grandissant qui menace les conditions dans lesquelles ils travaillent et observent les confins de l'espace. En effet chaque satellite mesure un peu moins d'1m3 auquel il faut ajouter les panneaux solaires réfléchissants qui l'aliment en énergie. Une pollution visuelle qui s'ajoute à celle déjà produite par les satellites dits classiques, et qui complique encore un peu plus les manœuvres d'observation de l'espace.

Source : l'Alsace

Une chose est sûre, le progrès est toujours source de réticences et de débats. La conquête spatiale ne fait pas exception. Certains diront peut-être qu'après avoir pollué les terres et les océans, l'humanité s'affaire désormais à polluer l'espace. D'autres tenteront sûrement de les rassurer en leur répondant que le cosmos et ses étoiles sont toujours observables … sur Google.