Le Bonbon

Histoire de Lille : la Grand Place a failli ne pas avoir de déesse

Que serait notre Grand Place sans sa fameuse statue de la déesse ? Véritable icône de la capitale des Flandres, cette œuvre de 3 mètres de haut ne nous était pourtant pas destinée. C'est à Paris, au sommet de l'Arc de Triomphe (eh oui rien que ça !) que notre belle déesse aurait dû atterrir. Mais l'Histoire en a décidé autrement pour cette imposante femme de bronze (qui pèse tout de même 1 tonne !)

Tantôt affublée de l'écharpe du LOSC (aller les dogues !), d'un soutien-gorge, ou même de miroirs sur la tête, la déesse au Boutefeu (au cas où vous ne connaissiez pas son petit nom) est carrément l'emblème de Lille. IMPOSSIBLE de passer à côté, elle est d'ailleurs l'un des monuments les plus photographiés du coin ! Pourtant, on a failli ne jamais la connaître. 

Une histoire pleine de rebondissements

Pour comprendre le parcours de cette mythique statue, il faut revenir au début des années 1830, lors de sa création. L'idée de base était de couronner l'Arc de Triomphe avec des statues à l'effigie des plus grandes villes de France (et forcément, Lille en fait partie !) Mais en 1837, comme l'idée est tombée à l'eau, son sculpteur Théodore Bra, a décidé de l'offrir à ... (suspens) nous ! Merci Théo !

Mais son histoire ne s'arrête pas là. Elle fût alors destinée à embellir un monument commémoratif place Rihour. Mais rebelote. Comme à Lille on change d'avis comme de chemise, elle a finalement été installée à la place qu'on lui connaît aujourd'hui. 

Dernier rebondissement en 1989, quand on l'a descendue de sa colonne de 12 mètres de granit pour construire le parking souterrain (du temps où on pouvait encore circuler en voiture dans Lille). Et contrairement aux idées reçues, ce n'est qu'après ces travaux que la fontaine a été construite à ses pieds. 

Signification de l'œuvre

Petit cours d'histoire de l'art : cette imposante pièce fait référence au courage exceptionnel qu'a montré le bataillon des canoniers en 1792. En effet, leur rôle a été crucial lors du siège cette année-là, quand les Autrichiens nous ont méchamment bombardés. Dans sa main droite, on peut voir un boutefeu (en gros une torche), servant à allumer la mèche des canons, d'où son nom, très original (avant c'était pire, elle s'appelait juste "ville de Lille")

Pour la petite histoire, son créateur justifia son choix artistique en ces mots : "Lille ! C'est une femme dont le front doit porter l'empreinte du courage calme et obstiné des Flamands". Quel poète ce Théodore...