Le Bonbon

Histoire de Lyon : les muses de l'Opéra et le mystère de la statue disparue

Depuis 1863, des statues ornent la façade de l’Opéra de Lyon. Chaque sculpture représente une des neuf muses de l’antiquité grecque... Sauf qu'on en compte que huit sur l'établissement... D'où cette question qui hante nos nuits depuis 150 ans : où est donc passée la 9e..?

Les Muses sont les 9 filles de Zeus et Mnémosyne et représentent chacune un art. Après tout, quoi de mieux que l’art des arts pour sublimer l’art (vous nous suivez ?) Sur l’Opéra sont présentes : Clio, muse de l’histoire ; Euterpe, muse de la musique ; Thalia, muse de la comédie ; Melpomène, muse de la tragédie ; Terpsichore, muse la poésie lyrique et de la danse ; Erato, muse du chant nuptial ; Polymnie, muse de la pantomime et la rhétorique ; Calliope, muse de la poésie épique. Ce qui nous fait donc 8 muses...Car oui, la 9e, Uranie qui n'est autre que la muse de l’astronomie et l’astrologie, manque tristement à l’appel.


© Stofleth

Là où tout a commencé

Débutons cette sordide affaire par un peu d'Histoire. La construction de l’Opéra a été commandée par Antoine-Marie Chevanard, un architecte Lyonnais du XIXe. Les muses, quant à elles, sont à l’origine de G. Bonnet, J. Fabisch, J. Bonassieux ou encore F. Roubaud. Rénové par Jean Nouvel de 1989 jusqu’en 1993, il sera finalement réinauguré. Tout d’abord critiqué à cause de son apparence « trop moderne », il s’est maintenant bien intégré au paysage urbain de Lyon. La verrière au sommet (servant à abriter les studios de danse, le bar-restaurant et l’administration) est reconnue comme un exemple réussi de rénovation contemporaine.

De leur coté, les muses sont restées les mêmes à un détail près... Celles que tu pourras observer en sirotant ton Spritz au bar ne sont plus les originales ! Trop lourdes elles ont été remplacées par des copies en fonte pesant près de 2 tonnes chacune en 1912.

Un simple oubli ou une réelle volonté ?

On pourra dire ce qu’on voudra, vous continuerez à critiquer l’Opéra et ses (seulement) 8 muses. En effet le compte n’y est pas... Si certains mettent la faute sur le manque de connaissances en mathématiques de l’époque, d’autres visent une mauvaise notion de l’espace qu’auraient pris les 9 muses.


© Eric Bascol

Pourtant l’explication est bien plus simple : l’architecte s’est plié aux règles de l’architecture qui imposaient un nombre pair de colonnes. À défaut d’inventer une 10e muse, il a donc décidé d’écarter celle qui, d’après lui, collait le moins au domaine de l’art, Uranie donc.

D’autres hypothèses existent : Lyon ayant déjà accueilli une statue d’Uranie de 1765 à 1858 place des Cordeliers pour orner la Colonne du Méridien, on peut comprendre la décision de la mettre de côté.


© JakezC

Repères historiques :


Texte : Fiona Marbet