Le parler lyonnais est une mine d’or d’expressions et de mots tantôt mignons tantôt WTF. Autrefois appelé le franco-provencal, on l’entend de temps en temps sortir de la bouche des vieux papés de la région, mais aussi des petits jeunes dans les cours de lycée. Lyonnais, Lyonnaises, cette sélection risque de vous faire sourire.
Pour commencer, l’accent lyonnais est particulièrement difficile à tolérer pour les touristes. Entre le A prononcé O et le O prononcé EÛ, ça nous donne un truc genre "J’serai pô lô ce soir, j’ai mon cours de peûney". Vous entendrez aussi les vieilles dames à la caisse se plaindre des petits "jeûnes". Ça part de là. La galéjade préférée des Lyonnais, c’est aussi de mettre des Y à tire-larigot. "Je vais y faire, je vais y dire, je vais t’y montrer". De plus, demandez "c’est quelle heure ?" à un Parisien et vous verrez ses oreilles saigner. Mais attention, ces belles intonations ne sont que la partie émergée de l’iceberg.
Voyez plutôt. Au milieu cette sélection de mots typiques de chez nous, quelques-uns vous seront familiers, c’est sûr !
Une bambane : un homme lent, un paresseux. Une gâche : une place, "une gâche de parking" par exemple. Un ganais : un idiot. Rien à voir avec les habitants du Ghana, pas d’inquiétude. Un gone : très réputé à Lyon, désigne un enfant. Les supporters de l’OL sont d’ailleurs qualifiés de BadGones. Thug life. Un mâchon : un copieux repas matinal, un brunch en quelque sorte. Une vogue : une fête foraine, la plus connue étant la vogue aux marrons de la Croix-Rousse. Les grattons : alerte yummy, mais fiesta aux calories aussi, il s’agit ici de graisse de porc rissolée en morceaux. Franchement, il faut goûter pour comprendre. Un belin/une beline : mot doux d’amour pour qualifier son/sa chéri(e). Une bugne : alerte yummy n°2 : petits beignets délicieux découpés à la roulette dans une pâte sucrée. La carotte rouge : la betterave. Oui. Bon. Les Lyonnais n’ont pas toujours été des flèches, on vous l’accorde. Chougner : pleurer pour rien. "Arrête de chougner Pénélope".
Mais ce langage ancestral n’est pas le seul dont nous voulions papoter. Souvenez-vous de vos années lycées. L’apogée de la Tektonik, des Converses, des chaussettes à rayures et de la coupe mulet. A ce moment-là, notre langage était lui aussi venu d’un autre monde.
Voici un petit florilège merveilleux de notre vocabulaire d’alors. Attention, grosse tendance pour les mots terminant par ‘ave.
Dicav’ : aimer. "J’peux pas le dicav’ ce FDP". Charmant ? Rodav’ : remarquer. "Arrête ton char Ben Hur, je t’ai rodav’." Balnav’ : mentir. "Nabilla elle balnav’ elle a poignardé Thomas." (on sait illustrer nos propos avec agilité) Piav’ : picoler. Chourav’ : voler. Poukav’ : dénoncer. La biasse : le sac. Un pélo : un mec. "Cet Apollon là-bas, c’est mon pélo. Ouais gros." Cher : beaucoup. "Y’avait cher du monde. C’était cher bien. C’est cher classe ce mot." S’la racler : se la péter. Une vago : une voiture. Être tchalé : être amoureux, kiffer sa go. Être refait : être content, être bien. Allez viens. Être fané : à l’inverse, être dégoutey. Un trépané : un sot, un idiot. Jacter : parler dans le dos. Pas cool les gars, pas cool du tout. Chaber : mater, regarder de travers. Pas cool non plus. Rouiller : s’ennuyer. Déclinaison possible : "un vendredi soir devant les rediff’ des Marseillais en Thailande, c’est vraiment la rouille". La latche : la honte.
On vous a bien gâtés, maintenant à vous de jouer pour remettre certaines de ces merveilles au goût du jour sans vous payer la latche de votre vie les pélos. Allez bisou.
© Photo couverture : www.aderly