Ce récit nous fait bien rire ! On sait bien que les Marseillais ont tendance à exagérer mais il y a des limites. Voilà ce que retient l’Histoire : en 1780, un bateau arrive d’Inde. Cette frégate de commerce se nomme « Le Sartine ». Un nom qui lui vient d’Antoine de Sartine, le secrétaire d’État à la Marine sous Louis XVI de 1774 à 1780. C’est ainsi qu’au XVIIIe siècle notre histoire commence, pour flotter jusqu’à nos jours où dans les ruelles de Marseille on en sourit encore.
Le Sartine était initialement un bateau de guerre. Il fut ensuite désarmé et mis sous pavillon blanc pour faire le trajet de Pondichéry jusqu’en Europe. Il ramène des prisonniers français anciennement capturés par les britanniques et libérés par accord. Le rapatriement de ces hommes auraient dû se passer sans encombre, mais ça n’a pas été le cas.
Sur le trajet, après plusieurs mois de navigation, cap droit vers la Méditerranée. Le bateau se fait alors intercepter par un vaisseau de ligne britannique. La tension était telle à l’époque que sur un simple malentendu sur le statut de la frégate, les britanniques ont ouvert le feu sur la Sartine, tuant ainsi son capitaine. Une fois que les britanniques ont pu vérifier que le bateau était bien désarmé et qu’il ne transportait que des anciens prisonniers, ils le laissèrent continuer son chemin. Arrivé à l’entrée de Marseille, n’ayant pas son capitaine pour effectuer la manœuvre qui lui aurait permis d’accoster, le Sartine se serait pris les rochers avant de couler et boucher l’entrée du port.
Avec le temps, les langues ont fourchées et l’histoire a déformé le nom du bateau laissant dans l’idée générale qu’une sardine avait bouchée le port de Marseille. De nos jours, si vous trouverez quelques sardines en vente sur le Vieux-Port, vous ne trouverez pas la Sartine à l’entrée de la ville. Selon les mémoires du commandant du port et de la marine de Marseille de l’époque, la frégate aurait été levée du passage il y a bien longtemps.