Les Nantais connaissent tous le Katorza, le cinéma à la programmation Art et Essai de la Cité des Ducs. Imaginé par Salomon Kétorza en version cinéma-roulottes, quand le cinéma s'implante rue Corneille, il devient vite un lieu incontournable de la culture nantaise. Retour sur l'histoire de ce monument, ancré dans le coeur des cinéphiles nantais.
Cinéma classé Art et Essai, le Katorza est un des hauts lieux de la culture à Nantes. Tous les bons films d'auteur y sont diffusés, en VO sous-titrée, on y rencontre des réalisateurs, on y assiste à des festival, comme les 3 continents, par exemple, on y visionne des Absurdes Séances - qui mettent à l'honneur de drôles de films et on y tient des débats cinéphiles. Bref, le Katorza est incontournable, en plein coeur du quartier Graslin.
Le Katorza, un ciné mobile qui s'est sédentarisé
Sa première apparition à Nantes a lieu le 26 novembre 1898, quand Salomon Kétorza envoie un courrier à la mairie de Nantes pour demander l'autorisation d'installer sa baraque pour la Foire d'hiver. Impressionnante, la baraque-ciné mesure 27 mètres de long sur 8 mètres de profondeur. Pour la transporter, il faut un train de 14 wagons. Son cinéma ambulant fonctionne avec un orgue, équivalent à 140 musiciens et un gros moteur. L'histoire d'amour entre le Katorza et Nantes vient de débuter.
L'Élysée Graslin - devenu entre temps le Petit Casino, puis le Cinéma Théâtre Variétés, puis le Femina - est transformé par Salomon Kétorza en café-concert et renommé Katorza le 4 juin 1920. Lors des projections, sa femme joue au piano la musique des films. En septembre 1928, Salomon Kétorza meurt. Le cinéma de la rue Corneille est donc repris par les familles Gouguenheim et Heitzeberg. Ce dernier meurt dans un accident de voiture et c'est donc sa femme, Melle Nouaille, qui prend les rênes du cinéma.
Le Katorza sous les bombes
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Katorza est détruit par les bombardements, notamment en septembre 1943. Adrien Gougenheim, déporté, ne reviendra jamais des camps de concentration. C'est la compagne d'Heitzeberg, Melle Nouaille qui reconstruit le cinéma. Le Katorza réouvre ses portes le 30 avril 1951. C'est le début de la belle époque pour le Katorza, qui accueille les meilleures évolutions techniques du cinéma. Le cinémascope y arrive, après Londres et Paris.
Pendant de nombreuses années, le Katorza accueille la fine fleur du cinéma français, beaucoup de réalisateurs tournent à Nantes et viennent présenter leurs films au cinéma Art et Essai. On l'aperçoit notamment dans le Lola de Jacques Demy, qui figure parmi les films notables tournés à Nantes. Dans les années 60, c'est la famille Pineau qui reprend le Katorza. C'est alors que Jean-Serge, le directeur, donne au cinéma une image très qualitative, avec de nombreuses animations et des rendez-vous très attendus, comme le festival des 3 Continents. Le Katorza essuie également des scandales, comme lors de la projection de Je vous salue Marie, de Jean-Luc Godard en 1985 : tous les soirs devant le cinéma, un groupe d'intégristes s'installe à genoux pour prier.
Le Katorza, un complexe ciné Art et Essai
Le cinéma se transforme en complexe dans les années 80 avec six salles. Et en juin 1995, c'est le groupe indépendant dans l'ouest, la Soredic (Société rennaise de diffusion ciné) qui rachète le Katorza - on connait aujourd'hui le groupe sous le nom Cinéville. La programmation du cinéma se veut extrêmement qualitative, avec une concentration sur les films Art et Essai. Le Katorza propose une offre variée et de nombreuses animations : la séance spéciale Jolis Mômes, par exemple, en partenariat avec l'association nantaise qui agit comme un tremplin vers les métiers du cinéma. Tous les mardi soirs, le film qui quitte l'affiche est à 4,50 euros, un bon plan pour les cinéphiles retardataires !
Katorza
3, rue Corneille - Nantes
Tarifs : 5,30€ avec abonnement carte Ciné Liberté
4,50€ tous les jours pour les -14 ans et le mardi si les films quittent l'affiche
6€ tous les jours pour les étudiants, -18ans, demandeurs d'emploi et pour toutes les séances du matin
6,50€ pour les plus de 60 ans, et les abonnées Bicloo
8,50€ tarif normal