Comme les sorties ciné c'est pas toujours folichon folichon, on vous propose chaque semaine cinq films à voir ou à revoir, piochés dans le programme télé, notre mémoire de gamin, les magazines spécialisés, et – quand même ça vaut le coup parfois – les salles obscures de la capitale. Et une série aussi, parce qu'on sait que vous êtes des gros geeks.
Au ciné cette semaine
C'est la fête, munissez-vous d'une pierre blanche. Non, pas pour la lancer sur un des candidats à la primaire des Républicains, quelle violence ! mais bien pour marquer ce mercredi. On n'a pas assez de doigts pour compter les merveilles qui sortent en ce jour béni, et j'exagère à peine. Preuve en est la difficulté éprouvée à choisir trois films à mettre en avant (voir ci-dessous) et ainsi laisser ceux qui suivent "dans l'ombre". Quel déchirement de retrouver ici Jean Dujardin et son Brice 3 aussi fendard qu'imbécile, quelle injustice de ne pas voir Olli Mäki et ses gants de boxe en noir et blanc monter sur ce podium hebdomadaire, quelle tristesse de devoir écarter Jean-Christophe Meurisse et son fantasque Apnée, quelle déception, enfin, de ne pouvoir qu'à peine promouvoir un film comme Willy 1er, dont le sujet à la fois drôle et humaniste nécéssiterait un article entier. Y'avait aussi Le Teckel avec Greta Gerwig et Julie Delpy, mais j'ai pas d'avis. Juste Greta Gerwig est cool. La fête on vous dit !
Jack Reacher : Never Go Back, de Edward Zwick
Le film d'action n'est pas un sous-genre voyons ! J'ai le droit de mettre en avant Tom Cruise si je veux, même s'il est scientologue et que c'est pas bien. Ce mec court tellement bien et pare les coups avec tellement de classe, à ce niveau c'est de l'art. Bon sinon le film, bah Jack Reacher est de retour, et il va casser des gueules pour prouver que son ancienne boss, accusée de trahison, est innocente. La vérité et péter des machoires, c'est tout ce qui intéresse Jack Reacher en vrai. Si tu voulais caresser la cuisse de ta meuf et contempler son doux visage dans la lumière bleutée de l'écran de ciné, c'est pas par là. Ici c'est diversion, baston, explosion. Maintenant au moins tu es prévenu.
Mal de Pierres, de Nicole Garcia
Vous avez déjà vu un film de Nicole Garcia ? C'est beau, brut, puissant, très émouvant. Ce cru-là promet d'être tout ça et un peu plus. Mais alors où se situe la différence chez une réalisatrice qui a un style de réalisation si marqué ? Facile, tournez-vous du côté du casting, et là, ouvrez grand vos yeux : Marion Cotillard et Louis Garrel. Bon ok ils sont un tantinet énervants, mais c'est justement parce qu'ils sont beaux. Donc là c'est les années quelque chose avant la guerre, et on envoie Gabrielle dans un sanatorium parce qu'elle est un peu trop passionnée la dame. C'est là qu'elle va rencontrer André. Un film d'amour en fait, mais pas vraiment une comédie romantique. Prévoir une boîte de Kleenex.
Ma Vie de Courgette, de Claude Barras
Mignon, drôle et hyper original, ce film d'animation a la particularité intéressante d'être fait principalement à partir de plans-séquences, alors que la discipline privilégie généralement le champ/contre-champ. Cet effet de style permet à Claude Barras de développer au maximum l'univers dans lequel évoluent ses personnages enfantins, en incluant un maximum de détails. Concernant le pitch, le voici : Courgette est le nom qu'un petit garçon de dix ans s'est donné suite à la mort de sa mère. Désormais orphelin, il est placé dans un foyer, où il va vite se rendre compte qu'il n'est pas seul au monde et que d'autres enfants comme lui se sont constitué des personnages, notamment la jolie Camille...
Une série : Lucifer
Et si Lucifer – accent anglais et narcissisme irrésistible – quittait l’Enfer pour prendre des vacances sur Terre ? On se retrouverait gratifiés d’une série policière/SF drôle et sexy qui – sans révolutionner le genre – nous offrirait quelques savoureux moments d’humour et une relecture surprenante de la Bible. Ce qu’on aime surtout, c’est que pour une fois le Diable ne se déguise pas. Lucifer Morningstar ne cache pas son « pouvoir de séduction miraculeux », se présente comme le Diable himself et appelle Dieu « dad ». Sans pression. Le seul effet lassant de la série tient dans le fait que sa partenaire dans l’histoire (une flic cartésienne) se borne à prendre cette honnêteté brute pour une blague redondante et prétentieuse. Un défaut qui ne gâche pas pour autant l'aura de l'acteur principal.
Un docu : Homo sapiens, de Nikolaus Geyrhalter
Dans une ambiance post-apocalyptique et d'un calme inquiétant, Nikolaus Geyrhalter montre à travers une série de plans fixes où se maintiennent les sons environnants ce que les créations de l'Homme deviennent une fois que ce dernier les a désertés. Eglises abandonnées, anciennes usines ou sites des jeux olympiques obsolètes, le vide et l'absence résonnent étrangement quand la nature reprend ses droits. D'une beauté époustouflante, ces images interrogent le spectateur non seulement sur l'action de l'Homme sur son habitat, mais également et plus simplement sur son avenir. Fascinant, et en salles aujourd'hui.
Un classique : L'Amant, de Jean-Jacques Annaud
Un petit peu de chaleur dans ce monde de pluies automnales, ça ne peut pas faire de mal. Chaleur pour deux raisons : la première c'est que le film se passe à Saïgon, et c'est une région du monde où il fait plutôt humide et lourd, comme on peut aisément le constater aux nombreuses gouttes qui perlent ça et là sur les visages et corps des protagonistes. La deuxième, c'est qu'on baigne dans un érotisme quasi constant et un tant soit peu interdit, sachant que les deux perso concernés ont respectivement 15 et 27 ans (15 pour la petite Française et 27 pour le riche Chinois).Je ne vais pas vous raconter tout le film, mais sachez seulement qu'il s'agit là d'une adaptation du roman éponyme et autobiographique de Marguerite Duras publié en 1984. Un très beau film pour un roman absolument superbe, comme souvent chez MD. Le genre de film qui te met trop mal quand tu le regardes sur TF1 à 12 ans avec tes parents.