Retour en 1995. La Haine sort dans les cinémas, et la France se prend une claque. Pour la première fois, ou presque, Mathieu Kassovitz représente à l’écran les banlieues (ici, la cité des Muguets à Chanteloup-les-Vignes, en région parisienne), leur population (à travers un trio multiethnique) et le climat d’insécurité qui y règne, causé par les violences policières et les émeutes qui s’ensuivent. César du meilleur film en 1996, il s’inspire du meurtre de Makomé M’Bowolé, jeune homme de 17 ans tué à bout portant d’une balle dans la tête par l’inspecteur Pascal Compain trois ans plus tôt.
30 ans après, cette œuvre sonne toujours aussi juste, malgré l’éveil des consciences. « Jusqu’ici, rien n’a changé. » C’est d'ailleurs le nom du nouveau show de Mathieu Kassovitz, qui reprend son vieux scénario et ses trois personnages cultes, Vinz, Saïd et Hubert, pour les décliner dans un projet original, déroutant, mélange de genres et d’époques.
Un spectacle en 14 tableaux inspirés du film
Quiconque connaît La Haine, sa violence et sa cinématographie impeccable, se montre dubitatif à l’annonce d’une adaptation en comédie musicale. Pour aller où ? Toucher quel public ? Ne réside-t-il pas en ce projet le risque de romantiser l’horreur, alors que le film avait touché toute une génération par sa force brute ? Pourtant, le pitch se présente comme, si ce n’est convainquant, au moins intriguant. La forme du spectacle se veut « innovante », avec « 14 tableaux inspirés du film », diffusés sur un « système de projections », couplés avec la « performance des comédiens sur scène ». Un mic-mac de « danse, cinéma, rap, théâtre et spectacle vivant », nous dit-on.
Grand bazar incohérent ou coup de génie ? Le temps nous le dira, mais l’homme aux commandes, producteur du spectacle, n’est autre que Farid Benlagha, à qui l'on doit les succès de Robin des bois, des Trois Mousquetaires ou encore de Rock It All.
Pour caster les rôles cultes, de longs mois et plus de 3 000 candidats aux auditions. Les heureux élus sont finalement Alexander Ferrario (Vinz), Samy Belkessa (Saïd) et Alivor (Hubert). Le premier a été vu dans Tu mérites un amour (2019), le second dans La Plus belle pour aller danser (2023), tandis qu’Alivor est un jeune rappeur originaire du Havre. « On a sélectionné des talents individuels, mais surtout des gens capables de fonctionner ensemble », explique Farid Benlagha. « Il fallait une alchimie parce qu'au-delà du fond social, La Haine, c'est l'histoire de trois potes qui vont passer une journée ensemble. »
Tout ce petit monde fera ses preuves sur la scène du Palais Nikaïa de Nice les 25 et 26 avril 2025. Les places sont d’ores et déjà en vente.
La Haine : Jusqu’ici, rien n’a changé
Palais Nikaïa - Nice
25 et 26 avril 2025
25€ minimum