Après un deuxième volet (Avengers : L'ère d'Ultron) plutôt dégueulasse il faut bien le dire, la méga-franchise de Marvel redéboule sur nos écrans noirs avec la ferme intention d'envoyer du très, très lourd. Bien que quelque peu vieillissants, Iron Man, Captain America et tous leurs amis ont-ils toujours le niveau ?
Visiblement, je n'étais pas le seul à attendre ce troisième volet des aventures intersidérales de nos vengeurs pas toujours masqués. Après avoir fait une queue aussi longue que la façade du MK2 Quai de la Loire, validé mon ticket et esquivé l'autre queue devant les stands de pop-corn, je manquai de tomber dans les escaliers, bousculé par une meuf attifée comme une Spice Girl qui faisait semble-t-il de la marche sportive dans le ciné. Doux Jésus mais calmez-vous enfin ! y'a plein de place dans la salle, et le film ne démarre de toute façon pas avant les 20 minutes de pubs et bandes-annonces règlementaires.
Voilà pour vous mettre dans l'ambiance, et vous donner une idée de la frénésie ambiante qui règnait en ce jour de sortie. Il faut dire que Marvel (et donc Disney) n'y est pas allé de main morte sur la promotion de ce qu'ils annoncent comme un événement, promettant à demi-mots une véritable révolution dans leur univers, Infinity War étant censé marquer – je cite en gros et de mémoire – « la fin d'une ère, et le début d'un nouveau cycle, qui n'aura pas grand-chose à voir avec ce qu'on a connu jusqu'à présent ».
Personnellement j'y croyais moyen, je m'attendais simplement à beaucoup de spectacle, quelques rebondissements, deux-trois vannes bien senties et surtout une grande bataille épique permettant à une équipe d'Avengers ayant intégré d'autres héros de la franchise de briller par son courage, sa force, et dans une certaine mesure, son humanité. Tout faux. Ça, c'est le premier Avengers. Celui qui nous concerne est effectivement bien différent de tout ce qu'on a pu voir jusqu'à maintenant en termes de films de super-héros. J'irai même jusqu'à dire qu'il s'agit effectivement d'une révolution, et pas seulement dans l'univers Marvel. Le problème maintenant, c'est que je ne peux pas vous expliquer pourquoi sans vous spoiler outrageusement, et comme je n'ai aucune envie d'être le receptacle privilégié de votre créativité en matière d'insultes, je vais m'efforcer de vous inciter à aller voir le film sans trop en dévoiler le contenu.
La première chose à dire, c'est que dans l'ensemble, tout fonctionne. J'entends par là que tout est cohérent, et c'était pas gagné vu le nombre de films Marvel qui précèdent – on rappelle que dans l'univers Marvel, tous les films sont reliés, que les incidences dans certains ont des répercussions dans les autres –, une bonne vingtaine, mais aussi que la mise en scène, le jeu des acteurs, la profondeur du scénario, tout ça, ça marche. Le rythme est effréné et les scènes s'enchaînent avec beaucoup de fluidité, naviguant entre les planètes de la galaxie et les temporalités du récit avec une fluidité impressionnante (bravo aux scriptes et aux monteurs, vous êtes super, ne changez rien), là où la confusion s'installe presque à chaque fois dans les autres films du genre.
Deuxième chose, les frères Russo ont réussi à réunir en un film toutes les qualités des autres films Marvel – l'humour des Gardiens de la Galaxie et des Thor, l'héroïsme de Captain America, l'hyper-technologie qu'on retrouve dans les Iron Man et Black Panther, l'humanité des Spider-Man, la puissance de Hulk... – et à les faire cohabiter, là aussi de manière très cohérente et fluide. On se marre vraiment beaucoup dans Infinity War, mais on est aussi très souvent ému, et pourtant Dieu sait qu'on sait masquer nos émotions, nous les fans de comics.
Troisième chose, très importante : on a enfin, avec Thanos, un excellent super-vilain. Là réside une partie de la révolution dont on parlait plus haut : Thanos n'est pas qu'un pantin hurlant et pétri de mauvaises intentions, prétexte sous-développé pour réunir les Avengers et révéler leur héroïsme ; Thanos est un vrai personnage, dont on explique avec beaucoup de pertinence les intentions, l'histoire personnelle, les mobiles, ce qui donne une vraie légitimité à son action et pousse le spectateur à s'interroger. Qui sont vraiment les gentils ? Qui sont les méchants ? N'est-ce pas qu'une question de point de vue ?
Enfin, l'une des parties les plus importantes d'un film, souvent la plus importante, c'est la fin. Ici, elle est tout simplement géniale, dans le sens où à mon avis, elle redéfinit jusqu'aux bases du storytelling. Je n'en dirai pas plus, allez voir le film, c'est tout ce qu'il vous reste à faire.
En conclusion, Avengers : Infinity War est une immense réussite, un véritable game changer (comme disent les gens cool) dans l'univers Marvel, mais plus encore dans le monde même du cinéma. Un film charnière donc, comme on nous l'avait promis. Merci, et so long, Avengers.