Le Bonbon

Bohemian Rhapsody, c'est du très grand spectacle

Aaaah les dimanche matins de mon enfance, la douceur de la couette, les particules de poussière qui dansent dans un rai de lumière, l'odeur des lewerknepfle qui grésillent dans le four, et mon père qui fout Queen à fond sur la chaîne stéréo... comme dirait le renard de Saint-Exupéry, « j'en pleurerais ». Du coup c'est aussi ce que j'ai failli faire devant Bohemian Rhapsody, le très bon film de Bryan Singer. 


Que vous soyez fan de la musique de ce groupe mythique ou pas, que vous admiriez la voix sublime de Freddie Mercury ou pas, que vous goûtiez ou non la performance mimétique de Rami Malek, je peux vous assurer qu'il vous sera très difficile de ne pas passer un bon moment devant ce film, et d'ailleurs bouder votre joie pour des prétextes intellectualistes serait tout à fait contre-productif. 

Cela dit, il faut savoir raison garder, comme dirait l'autre. Bryan Singer ne s'est en effet pas fendu d'un chef-d'œuvre du septième art, loin s'en faut. On peut aisément y déceler tout un tas de défauts, notamment ceux inhérents au genre du biopic musical, qui flirte souvent plus avec l'hommage béat qu'avec une précise et réaliste biographie du groupe ou du chanteur concerné. C'est d'ailleurs ce qui devait voir le jour dans un premier temps, puisque le projet avorté de Sacha Baron Cohen (qui aurait été parfait en Freddie Mercury, du moins au niveau de la ressemblance physique) se basait sur un récit beaucoup plus sulfureux et centré sur Mercury, là où Singer propose un storyboard classique nous contant la rencontre des membres puis l'émergence du groupe, suivis d'un petit passage à vide dramatique pour terminer en apothéose avec le mythique concert du Live Aid, à Wembley en 1985.

Si le choix a été fait de nous conter la belle histoire plutôt que les sombres coulisses, et que ce choix est discutable, reste que la réalisation, l'interprétation et, bordel, la bande originale (forcément) sont d'une très grande qualité. Résultat, on ne s'ennuie jamais, on rit beaucoup, on est ému souvent, on a envie de chanter tout le temps, et les 20 dernières minutes, bon Dieu, j'ai dû retenir mes larmes parce que je suis un bonhomme, mais ça n'a pas été facile. 


Bohemian Rhapsody
, c'est donc 2h15 de grand kiff, de costumes incroyables, de coupes de cheveux improbables, de chansons magnifiques, d'émotions irrépressibles, d'euphorie jubilatoire. 2h15 de Queen, quoi.