Le Bonbon

5 raisons de (re)voir Rashomon

Après Buffy et Freaks, on vous incite aujourd’hui à replonger dans le classique japonais Rashomon. Si vous étiez passé à côté jusqu’ici, voici 5 excellentes raisons de (re)voir ce bijou du cinéma classique.


Rashomon fait partie de ces films auxquels le cinéma doit énormément. Il n’est pas seulement question d’un classique japonais, mais bien d’un monument du septième art dans toute sa densité.

Pour vous faire un petit pitch, le film suit le procès d’un assassinat. Chaque partie est entendue, donnant lieu à un focus sur les points de vue de chaque acteur du crime. La femme, le bandit, le bûcheron, ainsi que le mari assassiné (dont le fantôme est invoqué par un shaman) narrent leur version des faits.

Si vous n’étiez pas familier avec l’âge d’or du cinéma japonais, il est temps de se pencher là-dessus. Commençons ainsi avec ce bijou et les 5 raisons pour lesquelles il faut absolument (re)voir Rashomon.


Parce que Kurosawa est un big boss

Akira Kurosawa (à ne pas confondre avec Kiyoshi Kurosawa) est – pour faire simple – un mythe. Il s'inscrit au sein de cette vague de réalisateurs qui ont permis au cinéma japonais d’obtenir ses lettres de noblesse. Notamment au côté d’Ozu et Mizoguchi, le cinéaste a permis au cinéma de son pays d’acquérir une popularité au-delà des frontières asiatiques. La preuve avec Rashomon, lauréat de l’Oscar du meilleur film étranger et du Lion d’Or à la Mostra de Venise en 1952.

On reconnaît sa patte à travers des films de samouraïs à grand spectacle. Parmi les plus notables, on pense au classique Les Sept Samouraïs (1954) ou encore à son adaptation de Macbeth intitulée Le Château de l’Araignée (1957) avec une scène finale mémorable.

Toshiro Mifune dans Le Château de l'Araignée

Et si Kurosawa est un big boss, on n'en oublie pas son partner in crime : l’immense acteur Toshiro Mifune, à l’affiche de bon nombre de ses films. Dans Rashomon, il occupe le rôle du bandit.

Toshiro Mifune dans Rashomon


Parce qu’il bouscule les codes de la narration

Comme le synopsis le laisse comprendre, en 1950, Rashomon innove avec une narration basée sur quatre points de vue divers. Aujourd’hui, c’est un ressort qui est fréquemment utilisé sur le grand comme sur le petit écran. On a notamment envie de citer la série The Affair qui repose principalement sur un principe d’alternance des perspectives des différents personnages sur les mêmes évènements.

The Affair

Mais à l’époque, Kurosawa vient bousculer les codes en adaptant deux nouvelles japonaises selon ce modèle inédit de lecture. Celui-ci initie toute une réflexion sur l’objectivité. Une même scène sera forcément narrée de manière subjective en fonction des personnes questionnées. Un principe qui nous amène à remettre en question l’existence d’UNE vérité.


Parce qu’il est implicitement militant

Bien que la trame ne le soit pas forcément, le cadre de Rashomon induit bel et bien un souffle de militantisme. En effet, le film naît lors de l’occupation américaine au Japon. Les États-Unis tenaient à maintenir une certaine influence culturelle. Du coup, tout ce qui était samouraïs, sabres et tutti quanti, bah… ils kiffaient pas de ouf.

Dans un contexte pareil, un film se déroulant dans le Japon médiéval et mettant en valeur les traditions du pays porte donc une réelle réaffirmation de la culture nationale.


Pour la bande-son

La bande originale du film, composée par le génialissime Fumio Hayasaka (avec lequel Kurosawa collabore à plusieurs reprises) est une réinterprétation du Bolero de Ravel. Ici, on retrouve des nuances très japonisantes qui viennent merveilleusement bien accompagner la trame du film.


Parce qu’il vous ouvrira les portes du cinéma japonais

Comme nous l’avons déjà acté, Kurosawa est un big boss. Et si vous cherchez à vous intéresser au cinéma japonais, il serait bon de jeter un œil à cette période phare de l’après-guerre dans laquelle il s’inscrit. Vous plongerez pleinement dedans avec Rashomon ; puis ce premier visionnage vous donnera un avant-goût de tout ce qu’il y a à découvrir dans la même vague.

Les contes de la lune vague après la pluie de Kenji Mizoguchi (1953)

En plus de tous les patrons du cinoche dont certains ont été cité plus haut (Ozu, Mizoguchi mais aussi Kinoshita ou encore Oshima…), l’époque en question est également marquée par l’émergence des kaija-eiga. Suite à l’attaque nucléaire au terme de la Seconde Guerre mondiale, le cinéma japonais donne dans les films de monstres à l’image de Godzilla (1954). Le phénomène est lié aux répercussions de la bombe et l’effet des radiations chimiques.

Godzilla de Ishiro Honda (1954)

Bref ! Vous aurez de quoi faire que ce soit au sein de cette période d’après-guerre, ou celle de la Nouvelle Vague qui s’en suit, jusqu’au cinéma moderne. Et vous verrez, le cinéma japonais est plein de belles surprises

Rashomon en est un premier (et excellent) avant-goût.