Le Bonbon

Parasite, une Palme d'or ma-gis-trale !

C'est assez rare pour le préciser : la Palme d'or de cette année a été décernée à l'unanimité du jury. Tout le monde s'est donc mis d'accord pour dire que Parasite est un petit bijou de film, voire une grande œuvre de cinéma. On était donc très impatient de découvrir la nouvelle réalisation du génial Bong Joon-ho, et on n'a pas été déçu. Quel film !


Notre histoire se déroule dans une grande ville coréenne. La famille de Ki-taek, quelque peu désargentée, joint tant bien que mal les deux bouts grâce à des petits boulots et autres arnaques à la petite semaine. Mais bientôt, grâce à l'un de ses amis qui part en voyage, et avec le concours de sa sœur, experte en photoshop, le fils décroche un emploi de professeur d'anglais particulier auprès de la riche famille Park, dont l'impressionnante demeure se situe dans les beaux quartiers. À force de malice, toute la famille Ki-taek va petit à petit réussir à se faire employer chez les Park...

Voilà un point de départ scénaristique qui devait mener assez logiquement à une simple comédie de mœurs, un jeu de dupes entre les deux familles qui donnerait lieu à toute une série de situations comiques et de quiproquos gaguesques dont la légèreté aurait été aussi agréable que dommageable. Ce sera le cas, mais pas que, et de loin, car heureusement chez Bong Joon-ho, l'humour et la légèreté ont souvent une fonction de contre-poids, et préparent, si l'on puit dire, à quelque chose de plus sombre et de plus profond. 

L'action évolue donc avec une fluidité totale vers une forme de catharsis inversée, et au niveau formel, fait dériver le film d'une comédie joyeuse et familiale vers, d'abord, le thriller horrifique, pour aboutir, en apothéose, à un véritable drame – aux sens commun et littéraire du terme –, brillante satire de la société coréenne et de sa rigidité de classes. Car la question centrale qui occupe le film, bien qu'elle soit "masquée" par un récit qui ne cesse de surprendre jusqu'à la fin, est, comme souvent chez le réalisateur coréen, celle de la position sociale, et plus particulièrement, de la possibilité ici miroitée d'une ascension sociale. 


Avec une maîtrise dans la mise en scène et des plans d'une beauté qui nous laissent littéralement bouche bée, Bong Joon-ho nous offre donc trois films en un. Comédie de mœurs puis thriller horrifique et enfin drame, Parasite évolue entre les genres sans même qu'on s'en rende compte, le tout sur un fond de critique sociale pour le moins pertinent. C'est, en trois mots, du très grand art.