Le Bonbon

Pourquoi Acide avec Guillaume Canet est-il si flippant ?

Le principe du film d'anticipation, c'est quand même plus ou moins toujours de nous faire flipper. Cette théorie, aussi personnelle soit-elle, a quand même une sacrée tendance à se vérifier dans le dernier film de Just Philippot, Acide. Dans ce film catastrophe à la française, Guillaume Canet et sa petite famille sont aux prises avec des pluies acides meurtrières.

Dans un futur très proche qui ressemble même carrément au présent, une ado (extraordinaire Patience Munchenbach) tente de grandir tant bien que mal entre son père, un syndicaliste un peu brute de décoffrage (Guillaume Canet, décidément bien meilleur acteur que réalisateur), sa mère un peu dépassée (Laetitia Dosch, qui sort un peu de ses rôles de femme sensible et délicate) et des camarades de classe bourgeois qui n'ont de cesse de lui renvoyer sa différence sociale en pleine face. On est loin de la famille parfaite, mais quand des pluies acides menacent la France après avoir dévasté une partie des Etats-Unis, il va falloir resserrer les rangs.

À partir de là, le film, qui ronronnait tranquillement, se transforme en un vrai survival, avec des gens qui courent, qui crient, qui meurent, et de courts répits que les personnages consacrent principalement à constater les dégâts, ou anticiper les suivants. Dans cette fuite en avant effrénée, ils n'ont pas d'espace pour s'apitoyer sur leur sort ou pleurer la perte de leurs proches. C'est là la grande force du film, son rythme, qui ne laisse pas plus de temps au spectateur qu'aux personnages de reprendre leur souffle.

Le rythme, certes, mais surtout l'antagoniste et sujet principal du film, le dérèglement climatique. Au contraire des films et séries que Just Philippot cite de manière sous-jacente (on pense à La Guerre des Mondes de Spielberg mais aussi plus près de nous à The Last of Us), l'ennemi ici est immatériel, imbattable, on ne peut pas le combattre, on ne peut que le fuir. La menace est permanente, sournoise, elle s'abat sur les humains en déroute comme une sorte de colère divine irrémédiable.

Quand le grand méchant de l'histoire, c'est la météo, on peut aisément affirmer qu'on nage en pleine dystopie, et c'est bien ce réalisme, tant dans la mise en scène que dans le sujet, qui rend Acide si terrifiant. 


Acide de Just Philippot
Avec Guillaume Canet, Laetitia Dosch, Patience Munchenbach
En salles