Le Bonbon

Ready Player One, un Spielberg en mode easy

Comment créer un blockbuster ? C'est assez simple en fait, il suffit de raconter une histoire dans laquelle tout le monde puisse se reconnaître. C'est évidemment ce que le maître Spielberg réussit avec Ready Player One, avec toutefois un brio qui à mon avis frise la pure démagogie. Explications.


Loin de moi l'idée de doucher l'enthousiasme général qui entoure ce film, au demeurant pas dégueulasse du tout, mais peut-être convient-il de mesurer un peu les propos de ceux qui crient sans retenue au chef-d'œuvre.

Alors chouette, Ready Player One un bon film d'aventure futuriste, qui se trouve même être presque cohérent au niveau de l'univers qu'il met en place - si on fait l'impasse sur les scooters Piaggio et les fourgons bindés de la Brinks en 2045. Dans un futur pas si éloigné, le monde réel n'est que désolation et pauvreté ; les humains se réfugient donc dans un monde virtuel aux possibilités presque infinies appelé l'OASIS, via casques de VR et dispositifs technologiques du même type. Le créateur idôlatre de ce monde, James Halliday, était un génie un peu facétieux, qui a donc décidé, à sa mort, de léguer son énorme fortune et l'OASIS à qui réussirait à découvrir l'œuf de Pâques qu'il a caché quelque part dans cet immense monde virtuel.

Pour vous résumer l'affaire en quelques mots, c'est donc une quête tout ce qu'il y a de plus classique que notre héros, un jeune orphelin débrouillard, devra remplir, sur le même mode que les jeux vidéo que notre génération connaît si bien : des maps à parcourir, des objets à trouver, des pièces à ramasser, des énigmes à résoudre, et, en quelque sorte, des boss de fin de niveau. Mais bon, bien sûr, au cours de ce voyage initiatique, il rencontrera aussi des amis, et même l'amour. Super. On s'en rend vite compte, le film fourmille de références à l'univers du gaming, et le moins que l'on puisse dire, c'est que ce bon vieux Steven n'y va pas de main morte avec les clins d'œil. Mais qui va le lui reprocher ? C'est tellement cool de pouvoir dire à l'oreille de sa copine ou de son copain en pointant l'écran du doigt : « c'est la moto d'Akira, un manga culte des années 90 que j'ai lu 20 fois étant ado ». Voilà, t'as bien fait le malin, c'est sûr, il/elle est vingt fois plus amoureux(se) de toi maintenant.

Ce que tu viens de faire, c'est-à-dire flatter ton propre égo, Spielberg le fait à l'échelle planétaire. En distillant à la louche des références pop culture dans son film, il est certain que chacun y trouvera son compte, et donc que tout le monde l'adorera. Eh ben devinez quoi, ça marche complètement ! La foule en délire se laisse bercer par tous ces bons sentiments, hallucine devant la beauté des images de synthèse, se surprend à rêver à cet oasis pourtant virtuel, mais quand même, à la fin, rien n'est plus vrai que le monde réel. C'est la morale de notre histoire, si si. On en redemande, bravo Steven, chapeau l'artiste, tu auras réussi à nous montrer que l'avenir, si sombre puisse-t-il être, comportera toujours une échappatoire : le rêve, ultime création de l'esprit humain. C'est beau putain. 


Bravo Steven, tu es un génie ! Réussir à nous faire passer un jeu vidéo un peu mal foutu mais tellement raccoleur pour un grand film d'aventure, voire - d'après certains - un grand film tout court, c'est fort, très fort. T'as quand même fait plein de trucs vachement mieux, à mon humble avis.