Vous avez pleuré devant Juste la fin du monde, vous avez hurlé en voyant la scène de fin de Mommy, juste après être tombés sous le charme de Anne Dorval… En bref, vous trouvez les films de Xavier Dolan inoubliables, et vous avez le cœur brisé en ce jeudi matin. Nous aussi. À l’occasion de la promotion espagnole de sa nouvelle série, La nuit où Laurier Gaudrault s’est réveillé, le réalisateur québécois a annoncé à la presse locale qu'il allait se retirer définitivement du milieu.
« Presque personne ne voit ce que je fais »
Xavier Dolan est définitivement lassé du milieu. On le voit venir depuis un moment : lorsque sa série sortait sur Canal+ en début d’année, il confiait déjà à Première ne plus vouloir réaliser de film pour une durée indéterminée, après s’être énormément investi dans sa série. Ses projets cinématographiques étaient alors à l’arrêt, et il exprimait ne pas avoir envie « d’en faire, d’en écrire, d’en réaliser, d’en promouvoir (...) Je n’ai pas non plus d’idée ». Six mois plus tard, la fougue du tournage ne lui est pas revenue : le réalisateur de Ma vie avec John F. Donovan ne passera plus derrière la caméra.
« Je renonce au cinéma et à la réalisation », lâche-t-il dans les colonnes d’El Pais. « Je n’ai plus l’envie ni la force de m’investir deux ans dans un projet pour qu’ensuite presque personne ne le voit. J’y mets trop de passion pour subir ces déceptions. » Dolan semble avoir été affecté par les critiques mitigées de ses deux derniers films, Ma vie avec John F. Donovan (2018) et Matthias et Maxime (2019), son grand succès international restant le fabuleux Mommy (2014). À noter que sa série n'a pas non plus eu le succès escompté.
Xavier Dolan, artiste angoissé ?
Lorsque l'on décrypte les interviews du réalisateur, en transpire une véritable angoisse du monde extérieur, entre réchauffement climatique et tension sociale. Il semble que l’homme, rattrapé par le réel et consterné par l'homophobie et la guerre, ne puisse plus créer comme avant. « Je ne comprends pas а quoi ça sert de s’efforcer à raconter des histoires pendant que le monde s’ écroule autour de nous. L’art est inutile, et se consacrer au cinéma une perte de temps », déplore-t-il auprès du quotidien El Mundo. Sa préoccupation première, désormais : « Construire une maison où je me réfugierai avec mes amis pour regarder le monde brûler. »