C’est une profession souvent inconnue du grand public qui, après un âge d’or aux XIXe et XXe siècles, a bien failli disparaître. Pourtant, elle nous entoure en permanence, à chaque balade dans les rues de Paris. Et heureusement, certains artisans, comme Julien, continuent de perpétuer cette tradition assez fascinante. On a eu la chance de discuter avec cet artisan alors qu’il travaillait sur un projet dans le 6e : peindre l'enseigne d'une bijouterie.
Pour lui, c’était écrit
Certains ont, depuis l’enfance, la passion des voitures, d’autres des animaux ou encore des vêtements. Pour Julien, ce sont les lettres. En partant de simples graffs dans la rue, pour s’amuser, il fait de cette vocation une carrière, un peu par hasard, après une vidéo trouvée sur Internet. Ni une ni deux, il se renseigne, regarde des documentaires, consulte les anciens (qui cherchent souvent à le décourager), et achète son matériel. « Après avoir passé des journées devant un ordi, c'était l'occasion de retourner à quelque chose de concret qui me manquait, de retourner à la matière », confie-t-il.
Et celui qui a commencé à s’entraîner chez lui sur une simple plaque de verre travaille aujourd’hui sur des projets exceptionnels et surtout hyper différents. De la vitrine d’une bijouterie à une salle entière d’une galerie Dior en passant par un hôtel (et toutes ses portes de chambres), les journées de Julien s’enchaînent et ne se ressemblent pas.
Être un caméléon
Et pour réussir à survivre à de tels changements quotidiens, un seul mot d’ordre : il faut savoir s’adapter. Aux supports (eh oui, on ne peint pas pareil sur du bois que sur du verre), aux clients, qui ont parfois des exigences un peu extrêmes, et surtout aux conditions météorologiques. Peindre dehors, mains nues, par -10°C°, pendant 3h, on vous assure que c’est pas hyper sympa.
Mais heureusement notre peintre en lettres aime être challengé, et chaque nouveau défi se doit d’être relevé. Équipé de son sac à dos, chargé de BEAUCOUP de pinceaux, et de son échelle pliante, Julien parcourt la capitale en métro pour laisser derrière lui des créations avec une âme, véritable hommage aux anciens travaux que l’on peut encore apercevoir ça et là dans Paris. Et d'ailleurs celui qui adore les "R" et n'aime pas les "U" (car oui, quand on fait ce métier, on a des lettres préférées) pose maintenant un tout autre regard sur la ville : « Avant de faire ce boulot, je ne savais même pas que c'était possible, que ça existait les gens qui faisaient ça. Aujourd'hui je passe mon temps le regard en l'air pour voir ces traces du passé. Ça fait faire des bons dans le temps, c'est génial. »
Un travail hyper valorisant
Alors que nous échangeons depuis plusieurs minutes, les premières lettres apparaissent sur le fronton de la bijouterie, rue de Grenelle, et une chose est sûre, c’est sans aucun doute un métier extrêmement gratifiant que celui de peintre en lettres. Quand on arrive, il n’y a rien, quand on repart, on laisse derrière soi une œuvre d’art, un client ému, et la satisfaction d’avoir laissé une trace unique, et indélébile.
Julien Raout
Studio 6 lettres
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