Le Bonbon

Annie Ernaux dialogue avec la photographie à la MEP


Découvrez et lisez Annie Ernaux autrement avec la nouvelle exposition de la MEP. Jusqu’au 26 mai prochain, des extraits de son livre Journal du dehors s’exposent comme des images, accompagnés de clichés de photographes d’hier et d’aujourd’hui, non pas pour illustrer son œuvre, mais pour considérer la littérature comme une photographie de notre société.

Depuis le 28 février, Annie Ernaux s’expose à la Maison Européenne de la Photographie avec Extérieurs, une expo qui met en parallèle les écrits de la Prix Nobel de littérature, notamment ceux de son livre Journal du dehors, avec près de 150 clichés issus de la collection de la MEP. 


La littérature comme photographie

« J’ai ce désir-là de conserver des instants qui n’ont pas vocation à rester. » Par ces mots, Annie Ernaux exprime le lien étroit qu’elle entretient avec la photographie. Créer une sensation par le texte, et non par le sujet. Capter un instant sachant qu’il est éphémère. C’est ce qu’elle développe notamment avec son livre Le Journal du dehors, publié en 1993 aux éditions Gallimard. L’autrice tente ici d’écrire comme on prendrait une photo, elle adopte un certain regard sur le "dehors", sur ce qui l’entoure, sur les visages qu’elle croise. Des observations de la vie, du quotidien, autour de Cergy-Pontoise et Paris.

Claude Dityvon, 18 heures, Pont de Bercy, Paris, 1979. Tirage gélatino-argentique. Collection MEP, Paris. Acquis en 1979 © Claude Dityvon

C’est à partir de cet ouvrage que la Britannique Lou Stoppard, commissaire de l’exposition, a vu le projet émerger dans sa tête. Résidente à la MEP, elle s'entretient longuement avec l’autrice pour sélectionner des extraits à exposer comme des images. En parallèle, elle entame une période de recherche dans la collection de la MEP et choisit des photographies du monde entier, datant de 1940 à 2021. Le tout pour mettre en lumière la mémoire photographique d’Annie Ernaux.


Une expo en cinq temps

L’exposition se concentre d’abord sur le concept de la transition entre intérieur et extérieur, entre sphère intime et publique, avec des photographes de différentes générations ayant la même fascination pour la réalité qu’Annie Ernaux. La deuxième salle, elle, se voue aux “confrontations”. Une salle pour se laisser submerger par l’environnement urbain, par l’espace public, portrait des inégalités sociales diffuses dans l'œuvre de l’autrice. 

Janine Niepce, H.L.M. à Vitry. Une mère et son enfant, 1965. Tirage gélatino-argentique. Collection MEP, Paris. Acquis en 1983. © Janine Niepce / Roger Viollet

L’expo se poursuit par le voyage. Cette troisième salle décrit notre rapport au déplacement, un moteur pour l’écriture du Journal du dehors qui prend forme notamment dans les trajets en RER d'Annie Ernaux entre Cergy-Pontoise et Paris. C’est la banalité de la vie à qui on donne une existence par la photo et l’écriture. La quatrième salle porte une attention particulière aux lieux de rencontre. Magasins, salons de coiffure, cafés… Tous sont témoins des inégalités et des normes de notre société contemporaine, avec un petit clin d'œil à l'effervescence de la culture du loisir, de la consommation et de la télévision qui façonnent des réalités. Enfin, l’expo se termine par l’expression de la classe et de l’ordre social, avec des espaces publics qui affirment, hiérarchisent et identifient le monde, quels que soient notre classe, notre sexe ou notre âge. 


Extérieurs, Annie Ernaux et la photographie
 

Maison Européenne de la Photographie
5/7, rue de Fourcy – 4e
Jusqu’au 26 mai 2024
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