Philippe Morillon présente à la Galerie de la Clé une série de photos débridées prises avec ses amis dans les clubs parisiens de l’époque. Ces clichés expriment une jeunesse éminemment libertaire et insouciante ; un bouillon d'impertinence dans un milieu cotoyé aussi bien par Andy Warhol que par Inès de la Fressange. C'est beau.
« C’est comme un voyage dans un pays qui n’existe plus, les murs sont toujours là mais plus rien ne ressemble à ce que c’était. » Philippe Morillon sortait avec ses potes dans les années 70 et on peut dire qu'il fréquentait du beau monde. Au Palace, au Club 7, au Moulin Rouge, il trinquait avec Andy Wharol, Jacques de Bascher, Mick Jagger, Yves Saint Laurent, Inès de la Fressange, Karl Lagerfeld... entre autres.
« On y était tous les soirs au Palace, on avait 25 ans, on s’amusait énormément, on prenait beaucoup de drogues aussi. J’ai fait beaucoup de photos, une centaine sûrement. Je les prenais comme ça, sans penser à rien, c’était comme des photos de vacances. » Le photographe capture la folie des instants, la démesure mais aussi la spécificité des soirées de cette époque. La force des photos tient au fait qu’elles sont improvisées, l’œil de Philippe Morillon est presque invisible, la soirée se passe devant l’objectif.
« A l’époque, je travaillais en tant qu’illustrateur dans la pub, je prenais aussi des photos très réalistes. Le soir, j’emmenais un petit appareil photo avec moi et je finissais la pellicule pendant nos soirées. C’était pour s’amuser, il n’y avait rien de sérieux. » La photo la plus mise en scène finalement est celle qui sert d’affiche à l’exposition : Andy Warhol aux trois miroirs, prise en 1977. « C’est ma photo préférée. C’était la plus travaillée parce que c’était en studio, mais c’était quand même improvisé. Je me suis souvenu qu’il y avait un beau miroir dans les toilettes et voilà : « I’ll be your mirror » ! »
Philippe a fréquenté des artistes comme des compagnons de soirée lambda : « Avec les artistes, il y a deux types de relation : soit on parle d’art avec eux et on s’engueule tout le temps, soit on devient amis. » Quand on parle avec lui de la différence entre le monde de la nuit des années 70 à Paris et celui d’aujourd’hui, il parle surtout de la démocratisation de la fête. « Aujourd’hui, j’ai l’impression que se défoncer en soirée, c’est plus habituel. A l’époque, c’était nouveau et réservé à l’élite. La haute sortait chez Castel, chez Régine ou au Palace. Maintenant, il y a une vraie démocratisation de la fête. Les gens de la banlieue se mélangent aux Parisiens, il y a une réelle mixité. »
Et quand on demande au photographe, 67 ans au compteur, son plus beau souvenir au Palace, il est formel : « On était assez défoncés à l’époque, donc tous mes souvenirs ressemblent à un grand nuage vaporeux. » Comme quoi, la liberté, quand on l’a acquise, ne nous quitte jamais.
Au Palace ce soir
Du 7 décembre au 13 janvier
Galerie de la Clé
23, rue Michel-le-Comte - 3e
M° Rambuteau
Entrée libre