« Elle est vraiment belle cette exposition », entend-on en passant la porte de la Galerie Roger-Viollet. La voix, masculine, semble provenir de la seconde salle à laquelle on consacrera notre attention plus tard. Pour l’heure, ce sont ces dizaines de clichés en noir et blanc, alignés sur les murs, qui retiennent notre attention. Depuis le 12 octobre et jusqu’au 2 mars 2024, le photographe Boris Lipnitzki et ses portraits des acteurs de la vie artistique et culturelle parisienne y sont mis à l’honneur dans le cadre de l'expostion Boris Lipnitzki, un photographe russe chroniqueur du Paris des années trente.
Une escapade artistique
Foujita, Marc Chagall, Giorgio de Chirico, Wassily Kandinsky… Dès les premiers portraits, le voyage est immédiat. Là, au beau milieu de leurs studios, notre regard croise celui de ces peintres influents de la première moitié du XXe siècle. En train de poser ou pris sur le vif, comme en mouvement, ils s’adonnent à la création de ces précieux tableaux dont on connaît tous le nom et l'apparence aujourd’hui. Les clichés sont en noir et blanc, pourtant, tout est propice à imaginer la large palette de couleurs qui envahissait l’espace.
À leurs côtés, les écrivains André Breton, Jean-Paul Sartre, Marguerite Duras ou encore Boris Vian nous emportent dans le Paris littéraire. Par sa façon si unique de capturer les visages et les instants, Lipnitzki parvient à transmettre humanité et douceur. Le voile tombe, et ces grandes personnalités semblent devenir des figures familières.
Le parcours artistique se poursuit vers le spectacle vivant. Des danseuses de ballet perchées au sommet de leurs pointes au sourire étincelant et sincère de Joséphine Baker, tout laisse à penser que le rideau s’apprête à se lever pour révéler une performance époustouflante.
Puis vient la mode, comme final de cette grandiose représentation. Installée face au portrait de son fidèle collaborateur Jean Cocteau, Coco Chanel s’illustre sous toutes les coutures dans une série de quatre clichés. Une délicate manière de clore cette escapade artistique et culturelle dans le Paris de l’époque.
Plus d’un demi-siècle documenté
Faire voyager le public dans le monde et dans le temps, tel est l’objectif que se fixe l’agence photographique Roger-Viollet, qui a impulsé la fondation de la galerie en 2020. Aux côtés des clichés de Boris Lipnitzki se trouvent des dizaines de boites vertes où sont classées plusieurs millions de photographies, prises et acquises au fil des années par Hélène Roger-Viollet et son mari, Jean-Victor Fischer, créateurs de l’agence en 1938.
Divisées par thèmes, on peut y lire « Paris, Rue VIe arrondissement, St Germain », « France, Alpes-Maritimes, Nice », « Mode, 1900-1919, dans la rue », ou encore « Algérie, Sahara », écrits à la main. Plus que de simples photographies, ces collections sont de véritables documents historiques, derniers témoins d’une époque désormais révolue.
Galerie Roger-Viollet
6, rue de Seine – 6e
Du mardi au samedi de 11h à 19h
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