Pour Garciela Iturbide, la photo c'est de l'intuition, du rêve. Cette photographe mexicaine documente la réalité de son pays, le Mexique, depuis plus de 50 ans. Pour sa première apparition en France, la Fondation Cartier rassemble plus de 200 images, des œuvres les plus iconiques aux photographies les plus récentes, ainsi qu’une série en couleur réalisée spécialement pour l’exposition. Et c'est incroyablement beau.
Plus qu'une exposition, un portrait
L’exposition Heliotropo 37 emprunte son titre à la rue où se situe le studio de Graciela Iturbide, dans le quartier de Coyoacán à Mexico. L’édifice en brique a été conçu en 2016 par son fils, l’architecte Mauricio Rocha, à la demande de la photographe. On ne peut pas faire plus intime. À 27 ans, après sept ans de mariage et trois enfants, elle débute des études de cinéma. C’est alors que Manuel Álvarez Bravo (1902- 2002), son professeur et surtout le « père » de la photographie mexicaine, l’encourage, pendant le deuil de sa fille de 6 ans, à passer à la photographie, un art plus solitaire et adapté à son approche intimiste des sujets. Si elle est aujourd’hui célèbre pour ses portraits d’Indiens Seris du désert de Sonora ou ceux des femmes de Juchitán, Graciela Iturbide porte également depuis toujours une attention quasi spirituelle aux paysages et aux objets. Elle s’interroge ainsi sur la manière dont la culture autochtone peut continuer à survivre dans la culture occidentale. C'est de là que vient son portrait le plus célèbre : une fière marchande d’iguanes portant les reptiles sur sa tête, devenu le symbole d’une photographie féminine, libre et indépendante.
© Nuestra Señora de las Iguanas, Juchitán, Oaxaca, 1979, Graciela Iturbide
Pour la Fondation Cartier, Garciela Iturbide s'initie à la photographie en couleur
Le noir et blanc ne quitte pas cette artiste. Plus que son identité, c'est grâce à lui qu'elle met en lumière les ombres de l’existence humaine. En 2021, à l’initiative de la Fondation Cartier, Graciela Iturbide se rend à Tecali, un village près de Puebla au Mexique où l’on extrait et taille l’albâtre et l’onyx. Fait rare dans sa carrière, elle abandonne alors le noir et blanc pour y photographier en couleur les pierres rosées ou blanches en cours de polissage. Le résultat est inoubliable. Les pierres se détachent du ciel bleu. Avec ses prises de vues en contre-plongée, Graciela Iturbide célèbre la puissance de la nature. Marbrures et craquelures rendent ses photos uniques, comme chaque morceau d'albâtre. Ce ne sont plus de simples pierres, elle les transforme en totems.
© Piedras, Tecali, Puebla, México, 2021, Graciela Iturbide
Graciela Iturbide, Heliotropo 37
Fondation Cartier pour l’art contemporain
261 boulevard Raspail - 14e
Du 12 Février au 29 Mai 2022
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