Le Bonbon

Maria by Callas, dans l'intimité d'une légende de l'Opéra

Pour sa première exposition, la Seine Musicale rend hommage à l'une des plus grandes cantatrices de l'Histoire : Maria Callas, disparue il y a quarante ans cette année. Un parcours plein de sensibilité qui nous plonge dans l'intimité de cette légende de l'Opéra, sans autre forme de médiation que la parole et la voix.


Au sous-sol de la Seine Musicale s'ouvrent 800 m2 d'espace d'exposition à l'atmosphère intime et feutrée. Rythmée par de nombreuses archives inédites, mélange d'enregistrements de ses concerts, de lettres intimes, d'images rares d’interviews et des coulisses de ses performances, mais aussi costumes de scène, objets iconiques et instants de vie privée filmés par Grace Kelly ou Franco Zeffirelli, l'exposition offre un nouveau regard sur la vie de celle qui réforma l’interprétation vocale et défraya la chronique mondaine. Un tête à tête sonore explosif qui alterne sans cesse entre Maria et La Callas.

Tom Wolf, le commissaire de l'exposition, raconte son coup de foudre avec la Callas : « Il y a 4 ans, je ne savais pas qui était Maria Callas. Je l'ai découverte sur YouTube, par hasard. J'étais à New York et je venais d'assister à une représentation de Maria Stuarda de Donizetti. Je ne connaissais rien à l'art lyrique et surtout pas Donizetti mais cette représentation m'avait donné envie d'en entendre davantage. [...] j'ai cherché d'autres interprétations de Donizetti sur la toile. La Callas est sortie. Le choc a été si violent que j'ai passé la nuit à écouter tout son répertoire. Il me fallait partir à la recherche de cette femme. » Car là réside tout l'enjeu de cette exposition : dévoiler la femme derrière la légende, deux facettes indissociables, qui s'affrontent autant qu'elles se nourissent. 

Le barbier de Séville, Scala, 1956 © Fonds de Dotation Maria Callas


Maria, intime

Maria a 9 ans. Sa mère lui impose déjà un rythme de travail acharné au détriment de sa scolarité et de sa vie d'enfant. Enfant à New York, adolescente en Grèce, elle y développe sa technique avec Elvira deHidalgo - sa professeur au Conservatoire d'Athènes, amie et confidente pour la vie - et étonne par l'étendue de sa tessiture. Elle couvre près de trois octaves. Elle a 24 ans lorsqu'elle rencontre l'amour à Vérone, avec Battista Meneghini, son aîné de 28 ans. Impresario, il révèle la jeune Callas et lui ouvre les portes de la reconnaissance. Ces 25 premières années de sa vie révèlent Maria, cette jeune fille en surpoids confrontée à son exigence et à l'adversité. Cette cantatrice sûre de son talent mais dévorée par le travail et qui ne recule face à aucun sacrifice pour son art. Grâce à sa persévérance et sa résilience, la chrysalide se révèle enfin au monde : la Callas apparaît, transformée.

Chez elle à Milan, 1958 © Fonds de dotation Maria Callas


La Callas, sublime

Maria change radicalement de visage. Influencée par Audrey Hepburn dont elle fait son idole, la jeune femme fond littéralement. Le 7 décembre 1954 dans la Vestale à la Scala de Milan, elle apparaît métamorphosée. Visconti a façonné la Callas, nourrit son allure des codes de la tragédie classique et dirige son jeu à la perfection. Callas éblouit, fascine et attire. Elle envoûte les publics du monde entier et déchaîne les passions médiatiques. Le succès, la fatigue, les absences... En 1964, Maria est amoureuse. Elle a quitté son mari pour un playboy grec, Aristote Onassis. Callas travaille à Paris avec Georges Prêtre. Elle qui a promis un opéra à sa ville d'adoption en revient avec deux : La Tosca et La Norma de Paris en 1964, deux succès flamboyants qui marquent les points culminants de sa carrière. Un an plus tard, épuisée, elle fait ses adieux à l'opéra et se retire dans son appartement du 36, rue Mandel. Maria ne joue plus la tragédie, elle la vit. Aristote Onassis, l'amour de sa vie, l'a trahie. Elle apprend son mariage avec Jackie Kennedy à la télévision. L'effondrement de Maria sera suivi d'une véritable catharsis médiathique. Callas elle, travaillera toujours.

Gala de la Légion d'Honneur, Paris, 1958 © Fonds de dotation Maria Callas

Tout au long du parcours, de nombreuses photos retracent l'enfance de celle qu'on appelait encore Maria Anna Sophia Cecilia Kalogeropoulos, de ses débuts sur scène à la fin des années 30 à sa tournée d'adieu de 73/74, ses vacances et ses années jet-set. Mais ce qu'on retient surtout, c'est cette plongée auditive au cœur de la voix, qui nous guide tout au long du parcours. On chemine en sa compagnie et, dans la grande salle à 360° dédiée à ses plus grandes interprétations, on se laisse emporter. Une exposition moderne, où il faut prendre le temps d'écouter. 

En vacances avec Pasolini © Fonds de dotation Maria Callas


Maria By Callas

La Seine Musicale 
Ile Seguin
Boulogne-Billancourt
Métro : Pont de Sèvres (ligne 9)