Bonne nouvelle pour les amateur·ices d’art moderne : il est enfin possible de découvrir la saison automnale du Palais de Tokyo. Comme d’habitude, le splendide édifice se réinvente autour d’un thème dans l’ère du temps, et propose cette année une petite dizaine d’expositions en lien avec… les fantômes ! Voici celles qui ont particulièrement retenu notre attention.
Maryse Condé à l’honneur
Alors que la visite débute tout juste, impossible de ne pas faire les cents pas devant Les Figures de Malala Andrialavidrazana. Située dans l’exceptionnelle grande verrière du Palais de Tokyo, l’amplitude de la fresque impressionne – 60 mètres de large, 5 mètres de haut. Cette œuvre monumentale se présente comme des cartes géographiques, sur lesquelles se superposent des représentations issues de timbres, billets de banque, estampes et publicités sélectionnés par l’artiste malgache. On s’éloigne, puis se rapproche, on l’observe en long, en large et en travers, on essaie d’en saisir chaque détail : par sa grandeur visuelle et technique, ce photomontage numérique promet déjà une saison surprenante.
Après avoir déambulé entre les sculptures de bronze de Barbara Chase-Ruboud, artiste américaine rarement célébrée en France, on saisit l’universalité de l’œuvre de Maryse Condé à travers Tituba, qui pour nous protéger ?. Cette exposition collective rassemble les regards de onze artistes occidentales (Inès Di Folco Jemni, Claire Zaniolo…) aux trajectoires diasporiques pour explorer le deuil, la mémoire, la migration et l’ancestralité. Les différentes sculptures, films, photographies ou peintures exposées dialoguent directement ou indirectement avec l’ouvrage Moi, Tituba sorcière…, écrit par l’autrice guadeloupéenne en 1986, dont le personnage principal, Tituba, représente une figure protectrice qui combat la solitude avec ses invisibles.
Une expérience immersive au cœur d’un volcan
La suite se savoure au rez-de-chaussée. En descendant les escaliers, on a une pensée pour Théo Clerc, dessinateur à l’honneur dans l’œuvre murale qui leur fait face ; au bout du crayon, Julien Calemard et Thami Nabil, ses amis, ont souhaité lui rendre hommage pour dénoncer sa détention abusive en Azerbaïdjan. En septembre, l’artiste a été condamné à trois ans de prison pour délit de graffiti, après avoir peint un métro.
Après le dessin engagé, on s’immerge dans l’art abstrait de Myriam Mihindou, qui présente Praesentia, une large exposition sur son travail des vingt dernières années. À proximité, on repère une salle cachée, sorte de boîte noire où enlever ses chaussures est obligatoire : la saison serait-elle immersive en plus d’être figurative ? Évidemment, et c’est Julian Charrière qui s’en assure avec Stone Speakers. À l'intérieur, on pénètre dans un paysage volcanique composé de sculptures minérales. On y ressent les entrailles de la planète, mouvantes, vibrantes, du sol aux murs grâce aux enregistrements de volcans réalisés en Colombie, en Italie ou encore en Islande. L’expérience est à vivre : elle clôt en beauté une déambulation tout à faire passionnante, jamais simplement technique, toujours interprétative, dans un cadre Art déco magnifique.
Palais de Tokyo - Saison automne 2024
13, avenue du Président-Wilson – 16e
Jusqu’au 5 janvier 2025
Plus d’infos et réservations