On est fan du cinéma contemporain, mais on ne va pas se mentir… Tous les scénarios sont construits sur les mêmes bases établies il y a plusieurs siècles et perpétuées depuis. On vous explique.
Bon, on ne vous apprend rien en déclarant que tous les scénarios qu’on retrouve ici et là sont issus de la littérature. Pour faire simple, Ovide était déjà un big boss de la narration, avant Shakespeare, qui lui, l’était avant David Fincher.
Oui, les scénarios de génie ne sont pas seulement le fruit de l’esprit créatif de talents contemporains… Les films ou séries que l’on mate actuellement ne sont que l’héritage de récits d’antan qui ont installé des fondations solides.
Du coup, même si les histoires ne sont pas exactement les mêmes, des schémas narratifs populaires sont personnalisés et dupliqués sur plusieurs formes à l’infini. Parmi ces schémas, certains sont plus usités que d’autres. Disons qu’ils sont même indispensables à un scénario : vous retrouverez forcément l’un d’eux dans n’importe quelle fiction.
Zoom sur 7 ressorts narratifs utilisés partout sans qu’on s’en rende forcément compte.
La revanche organisée
Ouvrons le bal avec un grand classique : la trame de vengeance. Déjà dans la mythologie gréco-romaine, les grands de ce monde étaient animés par cet instinct, si primaire soit-il. Du coup, on ne s’étonne pas de constater qu’il est monnaie courante de voir en rafales des scénarios sur la vengeance.
Toutefois, ce qu’on aime dans nos fictions contemporaines, c’est la dimension obsessionnelle voire maladive qui est insufflée. Des séries entières, se déclinant sur plusieurs saisons, sont uniquement consacrées à l’objectif de mener une vengeance, à l’image de Revenge. Mais bien sûr, on n’oublie pas le graal dans cette catégorie : la trilogie de la vengeance par Park Chan-wook. Le légendaire réalisateur sud-coréen a mené trois chefs d’œuvres sur le même sujet avec Sympathy for Mister Vengeance (2002), le classique Old Boy (2003) et Lady Vengeance (2005). Comme quoi, même avec un leitmotiv populaire, on peut créer une magie nouvelle.
Le triangle amoureux
Là, nous avons clairement affaire à un motif narratif qui commence à nous fatiguer un peu. Bon, les amoureux du romantisme sont, sans doute, toujours aussi excités de suivre deux personnages qui se battent pour le cœur d’un être aimé. Et puis, il y a ceux que ça fatigue. D’autant plus qu’il est régulièrement question de triangles amoureux centrés sur une femme : l’occasion de voir deux hommes bomber le torse et se battre pour elle… boring.
On retrouve cette ritournelle dans beaucoup de fictions teenage, à la Twilight ou Hunger Games. Mais également dans l’univers adulte avec Bridget Jones ou Target. Quand il est uniquement question d’un élément du scénario ça passe, mais quand il est au centre de l’œuvre ? Flemme. Bref !
Rien de très novateur, Jane Austen le faisait déjà avec grande maîtrise dans Orgueil et préjugés en 1813.
Le quiproquo
Pour replonger brièvement dans nos cours de français, rappelons-nous que le quiproquo est ce malentendu duquel découlent pas mal de conneries. Bon, c’était pas expliqué en ces termes par nos profs, mais ça revient au même…
On a envie de mentionner la clôture de Roméo et Juliette en exemple, mais en soi Shakespeare avait lui même puisé dans la littérature antérieure (Pyrame et Thisbé d’Ovide). Mais bref ! On vous parle de ce moment où il retrouve sa belle, visiblement morte et qu’il se chauffe à boire du poison. Sauf que voilà, il s’agissait d’une mort feinte. Résultat : deux morts qui auraient pu être évitées s’il avait eu vent de la stratégie mise en place par sa meuf.
De manière générale, on peut vraiment dire qu’on retrouve le quiproquo partout. PARTOUT.
L’infiltration échouée
En gros, il est question de ces paris ou missions dans lesquels un personnage est engagé, mais au cours desquels il finit par se prêter au jeu. Dans Avatar par exemple, le héros vient en mode infiltré, puis, avec le temps, il commence à bien kiffer ses nouveaux potes Na’vis.
Souvent, il est également question de paris. Le plus vu (mais aussi le plus cliché) est le pari amoureux. Un homme (la plupart du temps) est challengé pour gagner la virginité d’une fille ou lui voler son cœur. Mais en fin de compte, il tombe lui-même amoureux (trop choupinou). Un classique déjà présent dans Les liaisons dangereuses en 1782 avec le personnage du Vicomte. Mais aussi dans La Mégère Apprivoisée de Shakespeare dont est adapté le célèbre teenage movie 10 bonnes raisons de te larguer (1999) avec Heath Ledger.
La rivalité hybride : amour/haine
Ces relations amour/haine peuvent autant s’appliquer à un couple qu’à un tandem d’amis. Ainsi, la trame suit les divagations entre les deux personnages, souvent déchirés entre un lien fort et des convictions ou une incompatibilité qui les éloigne.
Pour les aficionados de X-Men, on a envie de prendre l’exemple du Professeur X et de Magnéto. Les gars étaient frérots, puis un débat d’opinions est venu foutre la merde. Du coup, au fil des volets, ils se livrent une rude bataille, mais peuvent échanger un check à tout moment.
Le dédoublement de personnalité "inattendu"
Au tout début, c’était bel et bien inattendu. Mais il se font de plus en plus fréquents... On parle de ce retournement de situation final, quand on découvre qu’en fait, le héros était – depuis le début – psychologiquement travaillé. Alors, tada, grosse surprise : il était non pas un, mais deux personnages.
Pour ne pas spoiler trop de films que vous n’auriez pas vu, on va se contenter d’évoquer un des cas les plus connus de tous les temps : Fight Club.
La remontada
Le scénario baptisé remontada est celui au cours duquel, le héros, parti du plus bas, atteint des sommets. Cela, parfois au dépend de son âme (ouais, il devient un peu dark au fur et à mesure). On reconnaissait déjà ce modèle là dans Bel Ami de Maupassant en 1885.
Dans un registre plus contemporain, on pense au Loup de Wall Street (également inspiré de faits réels).