Trois ans après le #BalanceTonPorc et deux ans après #BalanceTonYoutubeur, un nouveau hashtag de témoignages a explosé sur Twitter le jeudi 18 juin. Tout comme le réseau TikTok qui bouscule toute concurrence depuis son arrivée, le hashtag a pris une ampleur très importante. Des centaines d’internautes, majoritairement des femmes, ont publié des échanges sur TikTok avec d’autres utilisateurs, généralement influents. Ils auraient usé de leur notoriété pour arriver à leurs fins, c’est-à-dire l’envoi de photos dénudées voire pire.
Mercedi soir, une internaute lance le début des festivités. Nommée @dilxgx, elle va lancer un mouvement national avec seulement un tweet. « Venez on lance le #Balancetontiktokeur pour dénoncer les tdc de ce réseau qui profite (sic) de leurs abonnés pour demander des nudes alors qu’elles sont mineures », écrit-elle.
« J’ai eu l’idée de créer le # pour encourager les autres à dire la vérité et à enfin avoir une bonne occasion de sortir des screens de tiktokeurs qui demandent des nudes à leurs abonnés alors qu’ils savent qu’ils en demandent à des meufs de 13 ans », explique-t-elle au début d’un thread sur les "tiktokeurs problématiques, trash".
Son appel a résonné sur tout le réseau. Il a atteint les sommets avec plus 42 000 tweets sur le hashtag. En défilant ces milliers de tweets, on se retrouve confronté à des captures d’écran, des discussions, des vidéos mêlant sexisme, pédophilie, chantage et harcèlement. Un cocktail de dégoût, qui a le mérite d’être libérateur.
Menaces et propos insultants
« Je vais te mettre des coups de fouet, t’en as l’habitude n’est-ce pas ? Ouh, excuse-moi, j’ai sans doute dû violer ta petite sœur », envoie une des célébrités du réseau après avoir insisté pour recevoir des "nudes". Et le chantage n’est pas la seule dénonciation du hashtag. Des internautes auraient été victimes de menaces. « Il me faisait super peur, il disait qu’il pouvait trouver mon adresse, la carte bancaire de mes parents, etc. »
#BalanceTonTiktokeur a également permis de révéler d’autres problèmes sur TikTok. Certains utilisateurs très influents ont recours à des propos sexistes, homophobes et racistes sur le réseau, principalement utilisé par des adolescents. « Vous [les femmes, NDLR], vous avez l’occasion de trouver un travail en passant sous le bureau, nous non », s’exclame le Tiktokeur.
Malgré ces milliers de témoignages, les utilisateurs de Twitter sont dubitatifs. Les fans des Tiktokeurs prennent leur défense en dénonçant des faux témoignages tandis que les vidéos et captures d’écran affluent par centaines. Mais des voix importantes ont encouragé l’initiative. Le collectif Nous Toutes a apporté son « soutien à toutes celles qui parlent. Et à toutes les autres. ».
Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations, s’est indignée. Elle est « choquée par les témoignages d’emprise, chantage et violences sexuelles ». « TikTok est le réseau social de nos enfants & ados, il est nécessaire que ce soit un espace sûr », insiste-elle. Elle aurait également demandé un rendez-vous avec le réseau social pour que des « mesures drastiques s’imposent ».