C'est une scène surréaliste qui s'est tenue à la gare de Chantilly ce mardi 12 janvier : sur une vidéo diffusée sur Twitter par l'association AVA, qui milite contre la chasse à courre, on voit un cerf poursuivi par cinq chasseurs et leurs chiens, dans une cacophonie de hurlements et d'aboiements. « Restez là ! Putain mais venez ici ! » : sur la vidéo, on entend une voix vociférer probablement contre les chiens qui traquent l'animal, qui se réfugie sur les rails du train.
"Arrêtez de filmer putain !"
Visiblement contrariés d'être filmés par les passants complètement ébahis, les veneurs (le nom donné aux pratiquants de la chasse à courre) leur ordonnent d'arrêter de filmer, se heurtant au refus en bloc des témoins. On les voit ensuite tenter de maîtriser leurs bêtes et de les regrouper. Les pompiers sont ensuite intervenus pour endormir le cerf, interrompant la circulation des trains « pendant plusieurs heures », selon l'association.
La maire de Chantilly, Isabelle Wojtowiez, a posté un message sur Facebook assurant qu'« en concertation avec la Préfecture de l'Oise, il a été décidé de l'endormir et de le rediriger rapidement dans la forêt. C'est ce qui a été fait et le cerf, qui n'était pas blessé, a pu regagner la forêt. » L'élue a ensuite fermement condamné ces événements : « Si la forêt est un espace partagé et que la chasse y est permise, en aucun cas un animal ne peut être chassé jusqu'en centre-ville. Ce cerf aux abois, poursuivi dans un milieu hostile, a mis en danger la sécurité des piétons, aurait pu générer des accidents routiers et a perturbé la circulation ferroviaire engendrant des retards importants pour les Cantiliens. »
Tout a fini par rentrer dans l'ordre, sauf peut-être pour ce cerf qui a dû se réveiller traumatisé au beau milieu de la forêt. Aaah, la noblesse des traditions françaises. Par ailleurs, le groupe de chasseurs risque une amende puisque la traque jusque dans un lieu public est interdite depuis l'arrêté préfectoral du 1er mars 2019, stipulant que « en grande vénerie, lorsque l'animal est aux abois ou au ferme (sur ses fins, pris, forcé ou hallali courant) et qu'il se trouve à proximité d'habitations, de jardins privés y attenant, de zones commerciales ou artisanales et de bureaux et d'établissements accueillant du public, il est gracié ». Cet arrêté a été pris en réaction à un épisode survenu à l'automne 2017 dans l'Oise, où des veneurs avaient traqué et abattu un cerf qui s'était refugié dans le jardin de particuliers. Ambiance.