Alors que la lutte contre les inégalités de genre et les violences sexistes prend de plus en plus de place dans le débat public, la France va accroître ses financements en faveur des organisations féministes. L’annonce officielle a été formulée dimanche 17 septembre par la secrétaire d’État au Développement, Chrysoula Zacharopoulou. Cette dernière s’était rendue à New York pour assister au bilan à mi-parcours du Forum Génération Égalité, rencontre internationale organisée sous l’égide de l’ONU.
La France, « premier bailleur à soutenir les associations féministes »
Entre 2020 et 2022, le fonds, à hauteur de 134 millions d’euros, avait profité à « 1000 associations dans 75 pays », soulignait Zacharopoulou. Pour les cinq années suivantes, son budget sera de 250 millions d’euros, soit 10 millions supplémentaires par an. Un changement qui permettra « une continuité dans les moyens alloués annuellement au Fonds de soutien aux Organisations féministes (FSOS) », comme le souligne Laura Audouard. Grâce à ces financements, la France est devenue le « premier bailleur à soutenir les associations féministes » dans le monde.
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L’ONG, qui agit pour faire progresser le droit des enfants et l’égalité fille-garçons dans près de 50 pays, accueille avec enthousiasme l’annonce du gouvernement. « On y tient beaucoup », assure Laura Audouard. En poste depuis la mise en place du fonds en 2020, elle a observé un vent nouveau de dialogue et de coopération entre différents acteurs politiques et sociaux : les associations, les ONG, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et l’Agence Française de Développement (AFD). Avec, en haut de la liste, un objectif majeur : « redistribuer les financements à des organisations de la société civile féministe qui n’ont pas accès à l’aide internationale ».
Pallier les lenteurs du dispositif…
Pourtant, nombreuses sont les associations féministes qui pointent du doigt les lenteurs dans l’octroi du fonds. C'est également le cas de Plan International France, qui assure que les plus petites structures manquent de financement, et sont donc « sous-staffées », alors que les exigences de redevabilité et de conformité des aides — aussi bien administratives que financières — sont nombreuses et parfois dures à respecter. Les solutions ? « Alléger les règles », de manière à « répondre aux réalités des OSC* féministes sur le terrain », mais aussi « augmenter significativement les ressources humaines travaillant sur le FSOF », soutient la chargée de plaidoyer. Selon l’ONG, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et l’AFD commenceraient à travailler sur ces dimensions.
… et le graver dans le marbre
Si les organisations féministes étaient au courant de la reconduction du fonds, sa grande innovation, c’est d’être désormais étendu à cinq ans et plus seulement à trois. Une « inscription plus durable » pour promouvoir les droits des filles, adolescentes, femmes et de la communauté LGBTQIA+, qui donne espoir. Pour Laura Audouard, toutefois, les reconductions à l’infini ne sont pas souhaitables : Plan International France appelle à une « pérennisation ad vitam æternam » du FSOF, et à la création d'autres fonds féministes similaires, pourquoi pas à l’échelle de l’Union Européenne.
(*) organisations de la société civile