Dans les cultures occidentales, boire de l’alcool avec excès a longtemps été considéré comme un "rite de passage" vers l'âge adulte, mais également comme une manière de se sociabiliser. Très rapidement et souvent avant l’âge légal, on s’amuse, on fait des rencontres et on fuit une certaine réalité du quotidien en se saoulant joyeusement entre amis. Mais la génération Z rebat les cartes en se détournant de cette habitude, soit en buvant moins souvent et en moins grandes quantités, soit plus du tout.
Une meilleure connaissance des risques
Selon une étude menée par Google en 2019, 41 % des représentants de la génération Z associent l'alcool à la vulnérabilité, à l'anxiété ou encore à l’abus. La crainte de perdre le contrôle et de développer une dépendance à l'alcool est nettement plus forte chez eux qu'elle ne l'était parmi les générations précédentes. En clair, ils seraient plus éclairés quant aux dangers de cette consommation sur leur santé et celle des personnes qui les entourent.
Aujourd’hui, nous sommes plus avertis sur « les risques sanitaires associés à ce type de comportements, grâce notamment à la multiplication des recherches et à l'ouverture des débats », explique Amy Pennay, chargée de recherche au Centre de recherche sur la politique en matière d'alcool de l'Université La Trobe de Melbourne. Elle affirme également que l’ensemble des pratiques à risque sont en baisse, de manière générale : consommation de drogues, rapports sexuels non protégés, tabagisme, conduite dangereuse, etc.
De plus, comme nos moindres faits et gestes peuvent se retrouver facilement sur les réseaux sociaux, se laisser aller peut être synonyme de danger. Selon la même étude de Google, « 49 % des membres de la génération Z déclarent que leur image en ligne est toujours présente à l'esprit lorsqu'ils sortent et boivent ».
L’aspect financier
Hausse du coût de la vie, peur d’un avenir incertain, cumulation de plusieurs mi-temps pour joindre les deux bouts… De manière générale, la gen Z se situe dans un flou financier et sociétal. Ils font nettement plus attention à leurs dépenses et par conséquent, « certains considèrent l'alcool comme une marchandise hors de prix qui obscurcit la vue d’ensemble ». En effet, leur préoccupation la plus urgente serait l’aspect financier, suivi des problèmes climatiques, la santé mentale et le harcèlement sexuel.
La dénormalisation de l’alcool sur les réseaux sociaux
Il est de plus en plus fréquent d’afficher et de célébrer publiquement sa sobriété sur les réseaux sociaux. Le soberversary, terme venu des États-Unis et qui se traduit par "l’anniversaire de la sobriété" en français, est de plus en plus tendance sur TikTok, Instagram ou Twitter. « Les gens qui arrêtent l’alcool sont fiers et ils ont raison de le revendiquer, ça participe à la dénormalisation de la consommation d’alcool », affirme Bernard Basset, médecin et président d’Addiction France, association nationale de prévention, d’accompagnement et de formation sur les addictions. Cette normalisation de la sobriété étant de plus en plus mise en avant, elle conforterait les jeunes à vouloir faire de même. Bien évidemment, cette tendance n’est pas pour déplaire aux personnels de santé.