Engagé depuis des années dans une bataille contre la Mairie de Paris et un hôtel voisin, le Club Lepic Abbesses Pétanque (Clap), association de boulistes historique du quartier de Montmartre, s’est fait expulser de son terrain situé sur la butte. Une intervention qui aura nécessité les forces de l’ordre, et ce six mois après un arrêté du Conseil d’État imposant au club de quitter les lieux le 4 avril dernier.
Un terrain historique pour les Parisien·nes
Ce coin de verdure borde l’avenue Junot et accueille les boulistes passion·nés du coin depuis une cinquantaine d’années. Acquis par la Ville en 1966, le Clap s’installe sur le terrain en 1971, « sans aucun titre de propriété », selon l’avocate Maître Alice Gorse, représentante de la Ville interrogée par Ouest-France. À l’époque, la Ville de Paris souhaitait en faire un espace vert. Pour autant, le terrain, lui, est devenu un incontournable du quartier : chaque parcelle des 765 m2 qui le compose est connue des joueurs de pétanque qui venaient chaque semaine s’adonner à leur sport favori depuis maintenant 50 ans.
En juillet 2023, la Ville a cessé d’être clémente avec le Clap et a cédé la gestion des lieux à l'hôtel attenant, l'Hôtel Particulier Montmartre, pour au moins douze ans. La promesse de l’hôtel ? Végétaliser l’espace, l’ouvrir à tout public, proposer des cours de sport… Et même maintenir quelques terrains de pétanque.
Les boulistes délogés par la force
Cependant, les adhérents du club craignaient que l’hôtel n’en profite pour étendre sa terrasse et privatiser une grande partie du lieu, signant la fin « d’un des derniers lieux de quartier à Montmartre », comme l'explique Maxime Liogier, porte-parole du Clap au micro de France Bleu. Une partie des 300 licenciés de l’association avaient planté leur tente au sommet de la butte pour contester la décision, créant une véritable ZAD en plein Montmartre.
Finalement, plusieurs mois après l’arrêté du Conseil d’État et après bon nombre de menaces d’expulsion, les forces de l’ordre sont intervenues sur place ce lundi 21 octobre autour de 7h du matin, pour déloger les trois boulistes installés sur les lieux depuis 184 jours. « Il y a avait la BAC, la police municipale, des huissiers de justice, un représentant de la Mairie », a expliqué à Actu Paris le porte-parole du Clap. Une quarantaine de boulistes seraient venus à la rescousse pour tenter de sauver leur club de pétanque, raconte BFM, mais les lieux auraient déjà été saisis. L’intérieur du club house a été détruit et les différents équipements qui occupaient les terrains ont été mis dans un camion. C’est le Clap de fin.