« - Ca te dit d'aller manger là ? - Oui, mais il fait beau... il y a une terrasse ? » Voilà une phrase qu'on ne risque pas d'entendre à nouveau. Et pour cause : qu'elles soient basiques, pleines de créativité, boisées ou végétalisées, les terrasses parisiennes éphémères tendent à devenir pérennes. Problème : le bonheur des uns fait parfois le malheur des autres...

 
Une autorisation d'un an... renouvelable chaque année

On s'en souvient : au départ, cette idée de terrasse éphémère avait été imaginée afin d'aider les restaurants et cafés à accueillir leurs clients, malgré l'interdiction de consommer dans des espaces clos en raison de la pandémie mondiale. Alors qu'au printemps 2020, une simple déclaration suffisait à obtenir l'autorisation d'installer sa terrasse éphémère gratuitement, les règles ont désormais changé : les formalités sont devenues plus compliquées et l'extension des terrasses devient payante. En contrepartie, ces dernières deviennent ... permanentes ! En effet, bien qu'officiellement la durée de validité de l'autorisation est d'un an seulement, celle-ci peut être reconduite d'année en année. Une situation qui fait bondir les détracteurs et autres riverains rabat-joie, bien décidés à en découdre avec la Mairie de Paris.

 
La surface des terrasses à Paris pourrait doubler 

« Au total, les demandes représentent déjà 140 000 mètres carrés ! La surface des terrasses à Paris pourrait ainsi presque doubler… et les nuisances aussi. », confie Nicolas (Twitter @Terrasses_75) à nos confrères du Monde. « On ne s’en rend pas bien compte, parce que c’est diffus, mais la pérennisation des terrasses constitue un des plus grands changements en matière d’urbanisme depuis des années » ajoute celui qui passe au crible les demandes d'autorisation et partage ses analyses sur Twitter.

 
Un nouveau paysage urbain

Plusieurs raisons à cette évolution : d'un côté, l'effet Covid et la volonté évidente des petits commerçants de surmonter la crise en proposant aux clients encore frileux des espaces clos, la possibilité de s'installer en terrasse. De l'autre, des Parisiens vivant dans des appartements toujours plus petits et leur désir toujours plus grand de se réapproprier l'extérieur comme un prolongement de leur domicile. Le rêve de ces cafetiers, restaurateurs et riverains est, enfin, soutenu par la volonté politique de faire de Paris une ville où les piétons et les cyclistes reprendraient leurs droits au détriment des voitures. L'idée ? Supprimer les places de parking et végétaliser les rues. Un combot gagnant qui accélère ce qui sera certainement l'un des plus grands changements urbains de ces dernières années.

© Joey Colas