Dominique Pelicot terminera sa vie en prison. Après trois mois et demi de procès, le président de la cour criminelle du Vaucluse a prononcé ce jeudi 19 décembre la peine maximale à l’encontre du mari de Gisèle Pelicot, accusé de l’avoir violée et fait violer pendant une décennie par une cinquantaine d’hommes âgés de 27 à 74 ans à leur domicile de Mazan. Le retraité de 72 ans a été condamné à une peine de vingt ans de réclusion criminelle, conformément aux réquisitions de l’accusation.
Tous les accusés condamnés
Parmi les cinquante autres hommes accusés, aucun acquittement n’a été prononcé : tous ont écopé de peines de prison allant de 3 à 15 ans, dont 2 avec sursis. Les réquisitions avaient pourtant prévu de 10 à 18 ans de réclusion criminelle contre les 49 accusés poursuivis pour viols aggravés, et 4 ans contre le dernier, "seulement" poursuivi pour attouchements sur Gisèle Pelicot ; des peines jugées « sévères » et « disproportionnées » par la défense. « Les enfants sont déçus de ces peines basses », a fait savoir un membre de la famille de Gisèle et Dominique Pelicot à l’AFP.
« Je respecte la décision de la cour »
Après l’annonce du verdict, Gisèle Pelicot est sortie du tribunal d’Avignon acclamée par une foule de citoyen·nes, collectifs féministes et politiques – parmi lesquels les députés Sandrine Rousseau et Raphäel Arnault – venue la soutenir. « C'est avec une profonde émotion que je m'exprime aujourd'hui devant vous, ce procès était une épreuve très difficile. » Face à la presse, la septuagénaire a prononcé un discours poignant dans lequel elle a expliqué respecter « la cour et la décision du verdict » et n'avoir jamais regretté d’ouvrir les portes du procès au public. « J’ai voulu […] que la société puisse se saisir des débats qui s’y sont tenus. J’ai confiance à présent en notre capacité à saisir collectivement un avenir dans lequel chacun, femme et homme, puisse vivre en harmonie, dans le respect et la compréhension mutuelle. »
Gisèle Pelicot restera un symbole
En refusant le huit clos et en acceptant que les vidéos de ses viols soient diffusées publiquement, Gisèle Pelicot est devenue un symbole féministe. Durant plus de trois mois, le procès a attiré un large public et mis en lumière le caractère systémique des violences sexuelles, non commises par des prédateurs sociopathes mais bien par des individus sans pathologie, des pères, des frères, des pompiers, des journalistes, des "Monsieur Tout-le-monde". Pour sa dignité, son courage et son héritage, Gisèle Pelicot restera dans les mémoires comme celle qui a, enfin, fait changer la honte de camp.