Il n’avait que 27 ans. Ce mardi, Paul Varry a grimpé sur son vélo, s’est rendu à proximité de la place de la Madeleine, et a été volontairement percuté par un homme conduisant un SUV à la suite d’un différend. Alors que l’enquête se poursuit, les hommages se multiplient pour louer un homme engagé et gentil, qui militait pour donner une plus grande place aux vélos dans la ville.
Un coup du sort brutal
« C’est ce contre quoi il se battait qui l’a tué. » Interrogé par Le Parisien, Matthieu Bony, lui aussi amoureux du vélo, est revenu sur la fibre militante de Paul Varry. Lorsqu’il rencontre le jeune homme pour la première fois, ce qui le marque, c’est sa maîtrise du sujet. « On avait commencé à discuter vélo et, tout de suite, je me suis rendu compte que c’était quelqu’un de très carré, de très compétent sur la question. » Résident de Saint-Ouen, il rejoint une liste citoyenne, puis aide à rédiger les propositions sur le plan vélo. Un premier pas vers le militantisme déterminant.
De fil en aiguille, de ses 23 à ses 27 ans, Paul se fait connaître dans le monde associatif. Il représente Paris-en-Selle – association cycliste qui vise à promouvoir et développer l'usage du vélo en Île-de-France – à Saint-Ouen et Saint-Denis, et lie une vraie complicité avec ses compagnons de lutte. Pierre Danzas, président de Paris-en-Selle, organise d’ailleurs le rassemblement en son honneur mercredi 16 octobre au soir, place de la Madeleine : « C’était un de nos membres actifs, on était encore avec lui le week-end dernier pour une conférence », déplore-t-il auprès du quotidien parisien. « Mature », « sensible », gentil » : les éloges pleuvent concernant celles et ceux qui ont eu la chance de connaître Paul Varry.
L’automobiliste connu pour des infractions routières à répétition
Mais alors, dans quelles circonstances un homme si respectable a-t-il pu se faire renverser intentionnellement ? Alors qu’une enquête pour meurtre a été lancée mercredi soir, les enquêteur·ices ont pu interroger l’automobiliste – Ariel M., commercial de 52 ans et père de quatre enfants – deux fois durant sa garde à vue. Celui-ci apparaît comme le chauffard parisien par excellence, avec une dizaine d’infractions routières à son actif. Pourtant, toujours d'après le Parisien, l’homme plaide la thèse de « l’accident » : « Je ne suis pas un meurtrier », s’est-il défendu. Son explication est la suivante : Paul Varry se comportait comme un « fou », un « animal » voulant le tuer, lui et sa fille présente dans la voiture. L’homme aurait donc accéléré pour le fuir.
La thèse de « l’accident » infirmée
Une version facile à infirmer grâce aux caméras de surveillance de voie publique, couplées aux témoignages des différents témoins. Selon le communiqué du parquet, « le conducteur du véhicule remontait la piste cyclable sur 200 mètres, et aurait roulé sur le pied du cycliste qui se trouvait à sa gauche » ; Paul Varry aurait alerté le conducteur en donnant un coup sur son capot, puis aurait manifesté son mécontentement après que l’automobiliste ait dégagé son pied. Celui-ci aurait alors tourné ses roues dans sa direction et « repris une marche avant ». Le jeune homme a fait un arrêt cardiorespiratoire sur place, et succombé à ses blessures malgré l’intervention rapide d’un pompier volontaire témoin de la scène. Ce vendredi, Ariel M. doit être présenté à un juge d’instruction, en vue d’une possible mise en examen.
L’affaire « dit vraiment quelque chose de la violence que peuvent rencontrer les cyclistes », estime Matthieu Bony. Selon les statistiques de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière, environ 230 personnes perdent la vie chaque année alors qu’elle roulent à vélo en France.