A Paris, dans un lieu pensé écolo du sol au plafond, on foulera bientôt le sol fertil de l'avenir durable. C'est en effet grâce à un financement participatif qu'une boutique de mode vegan, Manifeste011, va ouvrir ses portes en janvier 2018. Comme nos amis allemands, on pourra donc bientôt se targuer de porter des fringues pour lesquelles aucun animal n'a été tué et aucun enfant n'a été exploité. Cool.
Un docu pour une nouvelle vie
Maud et Judith sont jumelles. A l'origine, l'une est commerciale, l'autre est attachée de presse dans l'industrie de la musique. Elles ont toujours été préoccupées par les questions vegans. Déjà végétariennes, elles sont d'ailleurs en transition vers le "véganisme total". Elles avaient les convictions. Il leur a fallu le déclic. Un jour, il vient pendant qu'elles regardent The True Cost. Réalisé par Andrew Morgan, le docu analayse les processus de fabrication au sein de l'industrie textile. Il évoque, notamment, les méthodes douteuses de certaines multinationales pour faire du chiffre, au détriment des droits humains. « Ça nous a hyper choquées », raconte Maud. Tout part de là.
Changer un mode de consommation global
Elles décident de changer. Leur mode de consommation, d'abord. Mais pas seulement. « Si on veut être vraiment cohérent, c'est aussi la façon dont on s'habille qui doit changer », dit Maud. Elles commencent alors à s'intéresser à la mode responsable. Le constat, c'est qu'à l'étranger (en Hollande ou en Allemagne, par exemple), il y a beaucoup de mode responsable ou vegan. En France, rien. Cherchez : il n'existe pas de boutique qui s'inscrit dans une démarche 100% responsable. Les fringues vegans se tapent d'ailleurs une sale réputation.
Casser les clichés de la mode bio
La mode bio est pleine de tout un tas de clichés. Quand on l'évoque, on l'imagine très onéreuse ou destinée uniquement à un microcosme constitué de yuppies en sarouel. Les jumelles, justement, voulaient casser cela et démocratiser les vêtements éco-responsables. A l'intérieur de la boutique, on trouvera un pannel de fringues plutôt varié : du haut de gamme proposé par de vrais designers de mode aux pièces plus basiques, l'idée est de rester sur « un positionnement plutôt fashion », dit Maud. Avec Manifeste011, elles ont donc fait appel à des marques responsables, mais de tous horizons. Parmi les marques avec qui elles sont en contact, on retrouvera notamment April77, Hopaal, Bleu de Paname, Magnetik, Veja ou Do You Green. Une des idées est aussi de s'allier à des marques responsables mais pas forcément encore vegans qui proposeront des capsules qui le seront. Doc Martens sera de la partie...
Robe Wanda Nylon, brassière Do You Green
Une démarche passionnée, personnelle et collective
Pour autant, la revendication ne répond pas à la friche commerciale que représente le bio. Maud explique : « L'effet de mode a peut-être permis d'engager la démarche. Pour autant, tout ceci relève de convictions réelles et personnelles, d'une volonté d'amélioration générale ». Jeune, elle dit ne pas avoir été aussi consciente que les vingtenaires actuels de la déchéance de la planète. Eux, prenant de face les abus de tous les siècles passés - pollution des eaux, de l'air, changement climatique... -, se posent beaucoup plus de questions sur la Terre et le fait qu'elle arrive à bout de ses ressources. Le terrain est proprice et les gens sont tout ouïe et volontaires pour changer leurs habitudes.
La transparence comme marque de respect
Et, même si on ne peut pas tout modifier de façon instantannée, l'important, c'est la volonté. Celle de la transparence, notamment. Pour Maud, une marque irréprochable n'existe pas. Si on cherche bien, ill y a forcément quelque chose de polluant, de non respecteux de l'environnement. Le tout, c'est d'être honnête avec sa clientèle, ses partenaires et soi-même en révélant toutes les méthodes employées. Le but est ensuite de s'améliorer.
Une boutique 100% responsable
« On ne peut pas défendre des idées qui ne s'appliquent qu'à nous-mêmes, il faut que cela soit cohérent », affirme Maud. Il faut aussi que la démarche soit globale. Logiquement, pas de sac en plastique dans un lieu qui prône le respect de la nature. Du coup, lorsqu'elles ouvriront, en janvier, Maud et Judith essayeront de proposer des sacs compostables. Dans le magasin, les lampes consommeront peu d'énergie. L'entièreté de l'endroit a été pensé avec un collectif d'architectes (Quetzal Studio) et un studio de création (groupeCCC) dans le but d'être englobé dans une stratégie environnementale.
Si la boutique va pouvoir voir le jour (en janvier 2018, stay tunned) grâce à un financement participatif victorieux, il demeure une issue que chacun est en mesure de résoudre : le e-shop. Chaque contribution permettra de rendre concret le projet de la vente en ligne. Pour plus d'infos, leur plateforme Ulule est ici. God save the twins !
Crédit photo : Léonard Méchineau / DA : groupe CCC