Le Bonbon

Les victimes de violences conjugales peuvent ENFIN déposer plainte aux urgences

Une convention vient d’être signée pour que les victimes de violences conjugales puissent solliciter la police et déposer plainte dans tous les services d’urgence de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Le dispositif est testé dans trois hôpitaux franciliens depuis 2020. 

Un pas de plus vers la prise en charge des victimes de violences conjugales, à l’échelle de l’Île-de-France. Le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), le préfet de police de Paris et quatre procureurs franciliens ont signé hier une convention permettant à ces dernières de déposer plainte dans tous les services d’urgence de l’AP-HP, à Paris, en Seine-Saint-Denis, dans le Val-de-Marne et les Hauts-de-Seine.


Un dispositif testé depuis 2020 dans trois hôpitaux 

Le dispositif est expérimenté depuis 2020 dans les services d’accueil des urgences des hôpitaux Saint-Antoine (12e), Tenon (10e) et Henri-Mondor (Créteil), issu du Grenelle des violences conjugales de 2019.

Dans son communiqué, l’établissement public indique que le médecin qui prend en charge un·e patient·e venue consulter pour un traumatisme « lui demande si elle ou il souhaite porter plainte si sa consultation est en lien avec des violences subies dans un cadre conjugal ». Si tel est le cas, « Le médecin prend contact avec la police au moyen d’une ligne téléphonique dédiée et convient avec son interlocuteur des modalités du dépôt de plainte. L’audition a lieu au sein du service d’accueil des urgences, dans un local mis à disposition par l’hôpital et garantissant la confidentialité des échanges ». Toutefois, si la victime ne souhaite pas déposer plainte pour des raisons qui lui appartiennent, « elle est orientée au sein d’une des maisons des femmes de l’AP-HP qui propose un accompagnement pluridisciplinaire des victimes de violences conjugales ». 

Les hôpitaux dans lesquels les victimes pourront désormais déposer plainte sont les suivants : Hôtel-Dieu (Paris 4), Lariboisière (Paris 10), Saint-Louis (Paris 11), Saint-Antoine (Paris 12), Pitié-Salpêtrière (Paris 13), Cochin – Port-Royal (Paris 14), Européen Georges-Pompidou (Paris 15), Bichat-Claude Bernard (Paris 18), Tenon (Paris 20), Ambroise-Paré (Boulogne-Billancourt), Antoine-Béclère (Clamart), Beaujon (Clichy), Louis Mourier (Colombes), Avicenne (Bobigny), Jean-Verdier (Bondy), Bicêtre (Kremlin-Bicêtre), Henri-Mondor (Créteil), Necker-Enfants malades (Paris 15), Armand-Trousseau (Paris 12), et Robert-Debré (Paris 19). 


Malgré #MeToo, une hausse des violences faites aux femmes

Il faut préciser que ces violences sont commises, dans l’extrême majorité des cas, sur les femmes : selon un rapport de l’Insee en date de 2020, 87 % des victimes de violences physiques et/ou sexuelles exercées par le conjoint·e ou l’ex-conjoint·e étaient des femmes. Le taux de violences conjugales ne cesse de croître depuis plusieurs années, alors même que le mouvement #MeToo fête bientôt son sixième anniversaire : en 2021, les forces de l’ordre ont enregistré une hausse de 21 % des violences, avec 208 000 victimes en France, un chiffre qui a doublé depuis 2016

Selon le communiqué de l’AP-HP, le dispositif a permis de favoriser le dépôt de plainte de « plus de trente victimes » sur trois ans : le chiffre paraît finalement faible en vue des tristes records enregistrés par la région. Elle compte le département le plus touché par les violences faites aux femmes de France, la Seine-Saint-Denis, et enregistre le nombre le plus élevé de morts violentes au sein du couple en 2022, soit 19 victimes.