Le Bonbon

[Interview] Dita attise notre curiosité

Reine du burlesque américain, créatrice de lingerie, muse de créateurs et de photographes renommés, Dita Von Teese est une femme aux multiples talents. Incarnation du glamour et de la féminité, Sébastien Tellier a vu en elle une source ultime d’inspiration et signe pour elle un album plein de sensualité. Rencontre avec Dita, la chanteuse.

Votre album en trois mots ?
(Rires). Sensuel, un peu érotique et exotique.

Sébastien Tellier est-il sexy ?
Oui sans aucun doute ! J’ai toujours été une immense fan, à chaque fois que je faisais un show au Crazy Horse à Paris, je demandais systématiquement à ce qu’il soit invité parce que j’adore sa musique. Surtout j’adorais le fait qu’à chaque fois que l’on sortait dîner ensemble, toutes les femmes se ruaient vers lui. Il a une présence extraordinaire. Quand je pense à Sébastien, je pense à de la musique sensuelle, et c’est une des raisons pour lesquelles j’ai toujours aimé sa musique, et une des raisons bien sûr pour lesquelles j’ai accepté de saisir cette opportunité et d’essayer de chanter sur un album.

Quel est son pire défaut ?
(Rires). Je ne pourrais pas te dire, je pense qu’il vaudrait mieux demander à sa femme.

Et le vôtre ?
Moi ? Je ne sais pas, je ne révèle jamais mes défauts, car je ne voudrais pas qu’on les pointe du doigt. Personne ne les remarquerait si je ne vous les disait pas.

Qu’est-ce que cela fait d’être aussi inspirante ? Sébastien vous a tout de même qualifiée « d’usine à fantasmes »…
C’est marrant je viens de lire ça ! C’est difficile parce que je ne parle pas très bien français, beaucoup de choses sont demeurées mystérieuses entre lui et moi, et c’est marrant de découvrir ce qu’il pense de moi, à travers la presse. C’est aussi l’aspect drôle de ce procédé, de découvrir les perceptions que l’on a l’un de l’autre. J’adore qu’il ait dit ça !

Vous étiez sa muse en un sens ?
Oui, j’étais surprise parce que je ne savais pas qu’il avait commencé à écrire cet album pour moi, et j’étais très inquiète qu’il ne comprenne pas que je ne suis pas une chanteuse à la base, mais il l’a en fait tout de suite pris en compte. Ça a vraiment été une super expérience pour moi, risquée certes, car ça me met dans une situation de vulnérabilité, mais j’aime aussi beaucoup ça.

Le couple français le plus iconique selon vous ?
Ce qui me vient immédiatement à l’esprit c’est Serge Gainsbourg et ses nombreuses muses avec qui il a fait de la musique, et c’est une des choses qui m’ont attirée vers ce projet. J’ai toujours pensé que Sébastien était une version moderne de Serge Gainsbourg. Alors je dirais que le couple français le plus iconique serait Gainsbourg et Bardot, et leur musique.

©Flavien Prioreau

Avez-vous un conseil en particulier à donner aux Françaises pour être sexy ?
Je pense que les Françaises savent parfaitement être sexy. Je dis toujours que l’ultime façon d’être sexy est tout simplement de ne pas essayer de l’être. Il s’agit vraiment d’avoir confiance en soi, et de se mettre dans des situations où on se sent sûr de soi, où on se sent libre et bien.

Quel est votre meilleur souvenir de l’époque où vous dansiez au Crazy Horse ?
J’ai toujours adoré être au Crazy Horse, apprendre, et rentranscrire ce que je fais dans mes tournées en quelque chose de plus intime. Ma dernière super expérience était de travailler avec Ali Mahdavi (photographe, directeur artistique et réalisateur, ndlr) sur une scène qui s’appelait Undress the kill sur laquelle on a utilisé une technologie de pointe pour la lumière et en BO une des chansons de l’album. Quand je sors de ma zone de confort et que je fais quelque chose qui n’a rien à voir avec les plumes ou les strass, qui est un peu plus tech et qui rend mon show plus moderne et unique, c’est excitant pour moi.

Que pensez-vous du mouvement #metoo ?
Je pense que le débat tombe à pic. D’un côté c’est vraiment horrible d’entendre toutes ces histoires parce que tout le monde savait pour les casting couch, mais on n’en pensait pas grand-chose, dans le sens où la sexualité est parfois un jeu de puissance, d’un côté comme de l’autre évidemment… Mais je trouve que c’est frappant d’entendre certaines de ces histoires si vraies, et qui montrent qu’on ne se rendait pas compte de la profondeur de l’abus. J’espère tout de même qu’on ira mollo sur d’autres histoires racontées par des gens qui disent #metoo mais qui parlent en réalité d’un date qui s’est simplement mal passé. C’est dommage que certaines personnes s’emballent et confondent abus et expérience sexuelle qui n’était pas à la hauteur de leurs attentes.

Vous qui êtes très sexy, n’avez-vous pas été particulièrement sujette à ce genre de comportement abusif ?
Bien que je sois connue pour mes shows de strip-tease et que ce soit une de mes principales activités, j’ai toujours été mon propre boss, je ne suis pas vraiment impliquée dans l’industrie du cinéma ou de la musique. Je n’ai pas ce genre d’histoires, parce que j’ai toujours été en charge, il n’y a pas d’industrie pour ce que je fais. Je me suis frayé mon propre chemin, je n’ai donc jamais été sujette à ça. Et à chaque fois que j’ai senti une sorte de pression, j’ai tout arrêté. J’ai récemment refusé une opportunité parce que l’homme qui me la proposait insistait pour m’emmener dîner et je lui ai clairement répondu que je n’avais pas le temps pour ça. Je n’ai jamais été comme ça, ça n’en vaut pas la peine pour moi.

Ce que vous préférez à Paris ?
L’Histoire, l’esthétique de l’architecture, et le fait que ce soit si glamour. J’ai toujours adoré Paris parce que j’avais le sentiment que les gens acceptaient le burlesque alors que ce que je fais est en fait très américain, c’est du strip-tease américain classique. C’était très répandu aux US dans les années 30 et donc c’est étrange que ça n’ait pas été accepté jusqu’à récemment. Ça n’a pas été facile pour moi là-bas, alors qu’ici j’ai eu beaucoup de succès de la part du grand public dès le départ.

Le strip-tease, c’est encore d’actualité pour vous ?
Oui, je fais une tournée en Australie en février et en mars. Nous faisons la tournée la plus importante de show burlesque dans l’Histoire avec tout un casting de gens qui représentent différentes facettes du burlesque.

Votre mot français préféré ?
Quand les gens disent “chouette”, je trouve ça très drôle que ça veuille dire différentes choses. J’ai appelé mon petit chat avec qui je voyage “Chouette souris” parce qu’il ressemble à la fois à une chauve-souris et à la fois à une chouette.

Parisiens, têtes de chien ?
Je pense que l’on remarque cela particulièrement lorsqu’on vit à Paris. J’ai bien remarqué cela quand je faisais mes courses ou dans la vie de tous les jours (Dita a vécu à Paris, ndlr), mais malheureusement il y a des gens grognons partout, y compris aux Etats-Unis.

Vos trois spots préférés à Paris ?
J’adore boire des cocktails à la Maison Souquet à Paris, je trouve que c’est un des endroits les plus romantiques pour un verre, et l’atmosphère y est particulièrement sexy. Pour dîner, j’aime beaucoup Pétrelle, c’est mon ami Alexis Mabille qui m’y a emmenée, on a l’impression d’être chez quelqu’un, c’est très agréable. Pour ce qui est d’un endroit pour danser, cela fait un bail que je n’ai pas dansé à Paris, mais j’allais beaucoup au Silencio avant ! • O.S-D. Photos : Flavien Prioreau

Dita Von Teese - Dita Von Teese
Sortie le 16 février