Cela faisait un bail que Kylie Minogue ne nous avait pas fait danser. Avec Golden, son 14e album, la chanteuse australienne revient plus déterminée que jamais à rythmer nos journées. Dans une suite d’un palace parisien, on a rencontré une artiste simple et lumineuse, à mille lieux des paillettes du showbiz. Confidences sans fard.
Comment te sens-tu à la veille de la sortie de ce nouvel album ? On s’habitue après 14 albums ?
C’est excitant et intimidant comme à chaque fois. Quand on enregistre en studio, il y a une sorte de sécurité, et lorsque vient le moment de le sortir au monde, c’est toujours intimidant. C’est surtout le point de départ d’une promo d’un an pour ce disque, mais je suis hyper excitée à l’idée de faire connaître mes chansons et surtout de les chanter en live.
Pourquoi avoir choisi d’intituler cet album Golden ?
Je l’ai appelé ainsi parce que j’avais vraiment envie de caser la phrase suivante quelque part : « Nous ne sommes pas jeunes, mais nous ne sommes pas vieux, nous sommes de l’or ». Quand je faisais cet album, je pensais beaucoup au fait que j’allais avoir 50 ans quelques mois plus tard, et j’ai voulu répondre aux gens qui me demandent si souvent comment je vis le fait d’être une femme de cet âge-là dans cette industrie ! Chacun de nous, nous sommes seulement qui nous sommes à ce moment précis dans le monde, il y a une dimension profonde pour moi avec Golden. Golden symbolise tellement de choses – ce côté brillant, lumineux, plein d’opportunités, et robuste, et puis aussi je suis blonde, j’ai le pantalon sexy doré de Spinning Around, bref ça faisait sens pour plein de raisons !
Une partie du disque a été enregistrée à Nashville, pourquoi ?
Mon album est pop évidemment, mais on essayait de lui donner ce côté un peu country, sans beaucoup de succès. Je suis donc allée à Nashville pour continuer ce projet, et de fait, de superbes chansons sont sorties de cette expérience là-bas, des titres pas forcément country, mais vraiment authentiques. C’était génial d’être dans un endroit totalement nouveau, sans attaches avec l’Australie ou l’Angleterre, et surtout dans un lieu où les gens vouent littéralement un culte à la musique et aux auteurs-compositeurs.
Dans A Lifetime Of Repair, tu évoques une peine de cœur, mais la musique est ultra pop et joyeuse. N’est-ce pas contradictoire de parler d’un sujet douloureux tout en gardant une mélodie hyper rythmée ?
J’adore ces chansons où il y a une certaine émotion, mais c’est déguisé comme étant un titre gai. Les paroles de A Lifetime Of Repair sont hilarantes, et cette chanson raconte une histoire très vraie. Je n’aurais pas pu l’écrire au début de l’album parce que je me sentais très fragile, j’étais vraiment à un stade de ma vie où je me demandais : « alors quoi maintenant ? » Faire cet album m’a vraiment aidée à retrouver ma force, une meilleure estime de moi, et passer à autre chose.
Le fait que cet album soit aussi gai et rythmé vient-il d’une volonté de ta part de nous rebooster dans ces temps difficiles ou c’est simplement ta personnalité musicale ?
Les deux. J’ai tout de même le sentiment que c’est ce qu’on attend de moi, et ça ne me dérange pas parce que ça fait partie de mon travail, de ma musique et de mes concerts de véhiculer de la joie. C’est une responsabilité dont je suis consciente. Parfois j’ai la pression parce qu’évidemment, je ne suis pas toujours heureuse, et même si ça ne va pas, the show must go on comme ils disent.
Que penses-tu du mouvement #metoo ? Va-t-il réellement mener à quelque chose ?
Je suis chanceuse de ne jamais avoir été confrontée à de tels abus, mais je pense que si quelque chose m’était arrivé, je me sentirais plus forte, galvanisée et surtout soulagée qu’il y ait désormais un terrain pour qu’on puisse s’exprimer librement. Je pense que ce mouvement a déjà eu un impact. Les choses ont déjà changé à Hollywood. Les hommes autant que les femmes ont le droit d’être traités avec dignité, et si on a l’impression d’avoir été maltraité, c’est primordial de pouvoir agir !
En décembre, tu as fêté les 30 ans de la sortie du tube I Should Be So Lucky. Qu’est-ce que ça fait d’être encore une des pop stars les plus éminentes de la scène musicale ?
C’est complètement surréaliste ! D’un côté je me dis, « comment est-ce possible ? », et de l’autre je me dis que j’ai dédié presque toute ma vie à la musique, c’est un mélange d’émotions. Je ne peux pas m’empêcher d’être nostalgique de cette époque où à 19 ans j’ai débarqué à Londres pour enregistrer I Should Be So Lucky. J’avais déjà sorti Locomotion en Australie et la plupart des gens pensaient qu’après ce titre, ils n’entendraient plus parler de moi. Donc c’est assez remarquable, même pour moi, d’être encore là !
Quelle est la différence entre la Kylie d’aujourd’hui et celle des débuts ?
Wow, ce n’est pas facile comme question ! (rires) Je me connais mieux, même s’il y a des jours où je me dis que je commence tout juste à comprendre comment et qui je suis. J’ai quand même l’impression d’être plus consciente du monde, d’avoir plus d’expérience. Pour moi l’expérience est la principale différence, parce que je suis toujours la même fille, j’ai toujours de l’espoir, je ne suis pas blasée… quelle est la part de rêve, quelle est la part de destin, je ne sais pas, mais même si c’est le destin, il faut toujours travailler, faire des sacrifices et être passionnée.
Comment réagis-tu aux réflexions des gens qui pourraient critiquer le fait qu’à 50 ans, tu restes dans cette attitude de chanteuse cool et sexy ?
Je pense qu’il faut rester authentique. Dans mon album, il n’y a aucune chanson qui a des paroles telles que « je vais en boite, je vais bouger mon popotin », parce que ce n’est pas ma vie aujourd’hui. Je pense que c’est totalement injuste que certaines personnes jugent. C’est du sexisme quelque part. Je viens de voir un concert de Paul McCartney. Il a 75 ans. Personne ne questionne le fait qu’il fasse encore de la musique. Pareil, j’ai assisté à un spectacle de la chanteuse Dolly Parton et ça aurait été un véritable gâchis de ne pas la voir, juste à cause de son âge et du sexisme ambiant. On revient au thème de Golden, je ne peux pas être plus jeune, je ne peux pas être plus âgée, je peux seulement être qui je suis à ce moment précis, et essayer d’être la meilleure version de moi-même !
Ce que tu préfères à Paris ?
J’ai habité à Saint-Germain-des-Prés pendant un certains temps, donc j’ai mes petites habitudes dans le quartier ; où prendre un café, où acheter les croissants, les fruits et légumes. J’adorais habiter là-bas ! J’adorais aller au café de Flore, j’ai même chanté là-bas il y a 14 ans, pour les 50 ans de Chloé. J’ai décidé de faire un concert de jazz alors que je n’avais jamais fait de jazz de ma vie, et c’était super. Alors à chaque fois que j’y vais, j’ai ce souvenir de moi dans le coin de cette institution parisienne, en train de chanter !
Si tu étais un bonbon ?
Le chocolat n’est pas un bonbon, n’est-ce pas ? Mais mon truc c’est le chocolat noir, je voudrais être une superbe truffe au chocolat noir ! ça pourrait être enrobé avec du papier de bonbon rose et doré, comme ça on ne saurait pas de quoi il s’agit ! • OSD
Nouvel album Golden
Sortie le 6 avril 2018