La science-fiction nous avait prévenus. Les intelligences artificielles sont de plus en plus omniprésentes dans notre vie moderne et nous surprennent régulièrement par leur palette de compétences. L'Américain Ross Goodwin apporte une preuve supplémentaire à leur capacité de créer en publiant 1 the Road, le premier roman entièrement écrit par une intelligence artificielle.
Les machines peuvent-elles penser ? C'est la question que s'était posé le Britannique Alan Turing en 1950 dans son plus célèbre article "Machines de calcul et intelligence" publié, à l'époque, dans la revue Mind. Il en est arrivé à la conclusion que « le seul moyen par lequel on pourrait être sûr que la machine pense serait d'être une machine et de se sentir soi-même penser. De même, la seule manière de savoir qu'un homme pense est d'être cet homme particulier (...) Plutôt que de se disputer continuellement sur ce point, on accepte en général la convention polie selon laquelle tout le monde pense ». Voilà qui est dit !
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Une expérience hallucinante est venue, en partie, corroborer cette idée. L'Américain Ross Goodwin, ex-plume de Barack Obama, data scientist et écrivain, a intégré à sa voiture une intelligence artificielle le temps d'un road trip. À bord de sa Cadillac équipée d'une caméra placée à l'arrière, d'un GPS, d'un microphone pour enregistrer les conversations et d'une horloge indiquant l'heure et la date, liés à une intelligence artificielle, le geek a silloné les routes qui séparent New York et la Nouvelle Orléans.
L'idée ? Charger l'intelligence artificielle de rédiger un texte sur la base des données qu'elle capterait tout au long du petit périple tout en s'inspirant des grands récits de voyage de la littérature anglo-saxone. Pour le scientifique, le résultat est déroutant et « rempli d'images déstabilisantes » comme « des scènes où les gens sont tirés de force ou explusés d'un lieu » ou encore « ce personnage que l'ordinateur nomme "le peintre", sans qu'on comprenne jamais pourquoi. ».
Pour Ross Goodwin, « l'une des plus belles choses avec ce texte c'est qu'il n'a pas d'intention directe d'origine humaine (...). C'est un peu comme les paroles des chansons de Bob Dylan : elles n'ont pas forcément de sens si on les lit de façon littérale, mais on peut projeter du sens sur elles, à partir de nos propres expériences. ».
Serions-nous en train d'assister à la naissance d'un nouveau mouvement artistique, comme la photographie l'a été pour la peinture ? Ross Goodwin semble sûr de lui : « L'intelligence artificielle va bouleverser notre façon même d'écrire, ce qui va littéralement tout changer. » (propos receuillis par Usbek & Rica)
Qui vivra, verra.