Il y a quelques mois maintenant, Paris était élue meilleure ville de France pour faire du vélo. Une distinction que l’on peut comprendre, rapport aux pistes cyclables et au sentiment de liberté que l’on évoquait plus haut, mais qu’il faut tout de même relativiser un peu. En effet, malgré ses gros avantages, la Ville Lumière n’est pas toute rose. Et en même temps, normal, j'ai envie de dire, puisque la Ville Rose, c’est Toulouse. Blague à part, certaines zones de la capitale sont assez chaotiques, pour ne pas dire périlleuses, et on vous conseille de faire attention à vous.
Les voies partagées
Dans certaines rues de Paris, les pistes cyclables n’existent pas. Dans ces cas-là, les petites personnes à bicyclette n’ont d’autre choix que de se rabattre sur les zones partagées. Vous savez, ces lignes réservées au bus, généreusement ouvertes aux vélos. Et si, sur le principe, l’offre est plutôt généreuse, dans la pratique, c’est une autre histoire. C’est tout de même une situation dans laquelle on demande aux plus petits usagers de la route de cohabiter avec les plus gros, et ça ne pose de problème à personne. Entre les bus et cars qui se rabattent toutes les 30 secondes pour s’arrêter, et les taxis qui ne respectent rien ni personne, c’est parfois un peu touchy. Et surtout un peu stressant pour nous autres pauvres cyclistes, obligés de nous déporter au dernier moment sur les voies voitures. L’enfer.
Les pistes cyclables sur les trottoirs
Chère maire du 10e, si tu nous lis, je t’en supplie, organise des travaux boulevard Magenta, pire exemple en la matière. Les voies de vélo sur les trottoirs, c’est une aberration, pour tout le monde. C’est dangereux pour les piétons, c’est dangereux pour les cyclistes, et ça fout un bordel pas possible ! Une fois sur deux, on ne sait pas qui est prioritaire, personne ne regarde avant de passer et tout le monde cherche à s’imposer pour ne pas mourir. Et, clairement, vu le nombre de piétons qui marchent sur les bandes vertes au sol, on commence à se dire que la majeure partie de la population parisienne est daltonienne. Quiconque a cru un jour que partager les espaces de cette façon pouvait améliorer les relations entre ces deux espèces que sont les cyclistes et les piétons s’est enfoncé le doigt dans l'œil. Jusqu’au coude.
Les rues pavées
C’est simple, il n’existe sans doute pas de pire sensation pour un cycliste que celle qui surgit lorsque l’on voit apparaître des petits carrés à l’horizon. Un pavé contre une roue de vélo, c’est exactement la même chose qu’un caillou dans une chaussure, à la différence près qu’on n’a pas d'autre choix que de l’affronter. Et alors là… Ça fait mal aux mains, ça fait mal aux fesses, on se crispe à mort, et on sort de là avec des courbatures partout. On vous recommande deux zones à éviter à tout prix. D’un côté, le rond-point devant la pyramide du Louvre, qui cumule des pavés énormes et la chaussée la plus irrégulière et la plus trouée de Paris. De l’autre, la butte Montmartre, qui associe la bête noire des deux-roues aux côtes les plus menaçantes de Paris. Si vous tenez quand même à y aller, on vous aura prévenus, c’est à vos risques et périls.
Les bandes cyclables
Attention à ne pas confondre avec les pistes cyclables, bien évidemment. Mais alors, où se situe la différence, me direz-vous ? C’est bien simple, une piste est une voie réservée aux deux-roues (non motorisés) délimitée par un obstacle physique, souvent un petit rebord en béton, parfois des poteaux. La bande, elle, n’est reconnaissable que grâce à un trait de peinture. Et comme il est bien connu que cette bande blanche terrifie les automobilistes, ceux-ci la respectent à 100%, et laissent un véritable espace pour les cyclistes… ou pas. Quand elles ne servent pas de zone de stationnement, ces bandes sont clairement une extension de route pour les voitures, motos et bus, qui se soucient des pauvres bicyclettes comme de leurs premières chemises. On veut des murets.
Les rues étroites à double sens
Un peu dans la même lignée, je voudrais vous parler ici de ces rues à sens unique pas plus larges qu’une Fiat 500, qui pourtant indiquent au sol que les vélos sont autorisés à contre-sens. Alors, oui, encore une fois, on se doute que les gens derrière cette idée ont voulu bien faire. Et on les remercie, parce que la plupart du temps, c’est pratique et ça permet un gain de temps énorme. Le problème, c’est que la place ne permet souvent pas à un vélo de se faufiler entre les voitures garées et celles en mouvement. Ou alors au risque de rayer la carrosserie de tout le monde au passage, ou de rouler sur les pauvres piétons déjà serrés comme des sardines sur des trottoirs de la taille de mon doigt. On ne voit qu’une seule solution : convertir toutes les rues de moins de 5 m de large en piste cyclable. C’est dit.
Les places
Deux cas de figure ici. D’un côté, les “anciennes” places, absolument pas adaptées aux cyclistes. C’est par exemple le cas de l’Étoile où, après avoir emprunté une jolie piste cyclable, les vélos se retrouvent propulsés sans aucune sécurité au milieu du ballet des voitures pressées, et pas toujours très prudentes. De l'autre, les “nouvelles” places, qui se veulent hyper vélo-friendly… à tort. Alors, oui, dans ce cas-là, il existe de magnifiques pistes. Mais on en revient toujours au même problème : elles sont mal indiquées, les feux sont mal coordonnés, les insertions et les sorties sont hyper complexes, les piétons les prennent pour une extension du trottoir, bref, c’est la panique. Et franchement, on n'est pas loin du niveau de danger d'un gros carrefour aux portes de Paris. C'est dire.
Voilà, maintenant, vous savez tout de l’enfer des Parisiens à vélo. Et même si les vraies pistes cyclables en bonne et due forme ne sont pas toujours les endroits les plus agréables du monde, en raison des obstacles que l’on peut y rencontrer, et des usagers que l’on peut y croiser, croyez-nous, c’est quand même beaucoup, beaucoup mieux que tout ce que l’on vient d’évoquer.