"Je vais utiliser cette page pour écrire des blagues salaces."
Ce mardi 15 mai, deux chercheurs ont découvert dans le Journal d'Anne Franck deux pages recouvertes de papier kraft contenant des réflexions sur le sexe et des blagues olé-olé. L'adolescente juive néerlandaise avait écrit ces mots à 13 ans, alors qu'elle était cachée avec sa famille dans l'Annexe pendant pratiquement deux mois, et retranscrivait scrupuleusement ses journées.
En parcourant ces pages, les chercheurs ont découvert cinq phrases barrées, quatre blagues cochonnes ("dirty") et 33 lignes traitant d'éducation sexuelle et de prostitution.
Selon elle, l'éducation sexuelle "devait être transmise à quelqu'un" rapporte le site internet de la Maison d'Anne Frank. "De cette manière, elle peut montrer ce qu'elle connait sur le sujet. A la fin, elle cite explicitement son père qui a été à Paris et a vu des maisons closes. Incidemment, on ne peut pas savoir quand et à quelle fréquence Otto Frank visitait Paris, mais son frère Herbert et sa femme vivaient là-bas à partir de 1932."
Le 28 septembre 1942, Anne Franck feuilletait son journal et ajoutait des commentaires à 18 "lettres de journal" écrites précédemment : "Elle apposa des précisions à côté de photos, à une lettre de son père et de son amie Jacqueline van Maarsen qu'elle avait collé dans son journal. Plus encore, Anne a aussi écrit à quel point elle avait peur que les gens cachés soient découvert et à quel point son journal l'aidait à supporter cette épreuve. Elle fit une liste de 12 signes de beauté et évalua l'ampleur avec laquelle elle vivait avec. Tout montrait que ce jour-là, Anne se scrutait attentivement ainsi que sa sexualité et le monde autour d'elle."
Ceux qui ont lu le journal savent qu'Anne Franck était une ado adepte de blagues et qu'elle notait toutes celles qu'elle entendait dans son carnet, et ce genre de boutades un peu potaches avaient le mérite de briser la tension constante qui régnait dans l'annexe. Elle disait aussi ne pas comprendre pourquoi les adultes étaient aussi secrets à propos du sujet.
On peut également lire sur le site de la Maison d'Anne Franck que si ces deux pages dévoilaient une autre facette de la jeune fille, elles n'altéraient en aucun cas l'image ni le symbole qu'elle représente : "Depuis des décennies Anne a grandi en devenant un symbole de l'Holocauste, mais Anne l'adolescente a peu à peu disparu. Ces textes -littéralement- recouverts nous ramènent à l'adolescente curieuse, et à bien des égards, précoce."
Pour l'instant, l'intégralité des deux pages est protégée par une question de droits, mais on a hâte de les lire une fois qu'elles seront rendues publiques.