Les inégalités salariales entre les femmes et les hommes sont un sujet récurrent de débat dans le monde entier. En France, Oxfam estime un écart d’environ 24,4% en faveur des hommes(*). Et bien qu’un récent rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT), publié le mercredi 4 septembre, constate que des avancées ont été effectuées dans plusieurs pays, la route reste longue pour parvenir à une véritable équité.
Une amélioration visible mais lente
Selon les dernières données de l’OIT, le ratio global du salaire des femmes par rapport à celui des hommes connaît une légère hausse dans le monde. Plus concrètement, lorsque en 2005 « un homme gagnait un dollar par son travail, une femme ne touchait que 47 cents. En 2024, elle en reçoit 51,8. Ce qui reflète un modeste progrès », commente l’OIT.
Plusieurs pays, à l’image de la Norvège ou de la Finlande, ont entrepris des réformes pour réduire l'écart de salaire entre femmes et les hommes, notamment en étant plus impliqués dans la négociation des salaires avec les entreprises. Ces avancées sont souvent attribuées à des politiques publiques et à des initiatives privées encourageant la transparence salariale et la promotion de la diversité en entreprise.
Mais les auteurs du rapport soulignent un changement « insuffisant », marqué par des disparités importantes entre les différentes régions du monde. En Europe ou en Asie par exemple, les évolutions sont plus visibles qu’en Afrique : les Européennes toucheraient en moyenne 15% de plus qu’en 2005 (mais toujours 30% de moins que les hommes), alors que le salaire des Africaines a subi une baisse de 0,5%, elles qui touchent en moyenne 65% de moins que les hommes.
Les secteurs moteurs du changement
Malgré les efforts notables, l'inégalité reste ancrée dans de nombreux pays, particulièrement dans les industries dominées historiquement par les hommes, comme la finance et la technologie. À l’inverse, on observe une légère diminution des écarts salariaux dans certains secteurs où les femmes se font de plus en plus présentes, comme dans les services et le commerce.
Pour changer la donne, certains secteurs commencent à adopter des pratiques plus inclusives pour attirer une main-d'œuvre diversifiée, notamment dans les entreprises technologiques de pointe. De même, le secteur public dans plusieurs pays européens montre des résultats positifs, en particulier dans des pays comme la Suède et la France, où des lois imposent la transparence des rémunérations. Ces changements sont soutenus par une prise de conscience croissante, alimentée par les mouvements sociaux et les débats publics sur l'égalité de genre.
Mais, pour que ces progrès se généralisent, il est nécessaire de renforcer les cadres légaux et de sensibiliser davantage le monde professionnel aux avantages d'une véritable équité. L'avenir de l'égalité salariale dépendra donc autant des initiatives individuelles que de la mise en place de politiques publiques rigoureuses et de sanctions pour les entreprises. Un travail de longue haleine à mener pour espérer arriver à une égalité. Début 2023, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le secrétaire général de l'ONU alertait sur le recul des droits des femmes dans le monde, estimant que l’égalité sera atteinte au mieux « dans 300 ans ».