Que vaut vraiment ce spectacle culte qui fait son grand retour sur scène 25 ans après ses débuts ? On a assisté à une représentation de Notre-Dame de Paris, au Palais des Congrès, et après les (presque) 3h de spectacle, on est prêt·es à vous faire un débrief.
Mais où est Garou ?
Il faut bien le reconnaître, ça commence très fort. Après quelques secondes d’introduction, nous voilà directement plongés dans "Le temps des cathédrales", et ça réveille forcément quelques souvenirs dans nos petits cœurs. Gian Marco Schiaretti, qui interprète Gringoire, est impressionnant autant par sa voix que par sa carrure physique. La soirée commence bien, on va passer un bon moment…
… ou pas. Les chansons s'enchaînent, littéralement, puisqu’aucun dialogue n’est vraiment parlé, mais toujours entonné sur fond de petite mélodie, parfois au détriment de la compréhension du récit. Et toujours avec cette petite frustration de ne pas reconnaître les voix de notre jeunesse, même si certains se prêtent à des jeux d’imitation assez troublants.
C’est d’autant plus perturbant que les décors et les chorégraphies n’ont, eux, absolument pas bougé. Ce sont exactement les mêmes qu’il y a 25 ans, le même mur de pierre pour représenter le parvis de la cathédrale, dans la même salle. Et ils ont même poussé le voyage dans le temps à l’extrême, en faisant revenir sur scène Daniel Lavoie, qui joue, encore une fois, Frollo. Un choix audacieux qui, s’il ne choque pas sur le plan vocal, crée quand même un petit déséquilibre au niveau du physique.
Et puis n’oublions pas que Frollo est un prêtre qui tombe amoureux d’Esmeralda, enfin par "amoureux" il entend juste l’attirer dans ses draps pour la nuit, et va jusqu’à la faire chanter pour la sauver de la mort en lui disant « C’est la tombe ou mon lit ». Et quand l’acteur de 74 ans balance ça à Hiba Tawaji, 35 ans, incarnant la belle bohémienne, tout de suite ça rajoute un malaise supplémentaire à ce passage déjà un peu limite.
Du fan service
Ne soyons pas non plus catégoriques, tout n’est pas mauvais, au contraire. Les prestations vocales sont toutes plus impressionnantes les unes que les autres, avec une étoile en plus pour Gian Marco Schiaretti (Gringoire) et Jay, dans le rôle de Clopin (le chef des gitans, pour ceux dont les souvenirs de la pièce seraient un peu flous).
On retrouve tous les tubes, et ça fait quand même du bien. Impossible de ne pas se mettre à pousser la chansonnette au moment de "Belle", de ne pas se sentir entraîné·es par "Les Sans papiers", ou de ne pas être ému·e quand Esmeralda déclame "Vivre". Certaines chorégraphies sont vraiment prenantes, notamment quand Quasimodo fait danser ses cloches grâce à des voltigeurs.
Et puis pour les vrais fans de comédie musicale, cerise sur le gâteau, vous pouvez retrouver le seul, l'unique Roméo, alias Damien Sargue qui, 22 ans après avoir interprété le héros de Shakespeare pour la première fois et un passage sous le costume d'Aramis dans la comédie musicale Les Trois Mousquetaires, se transforme en un Phoebus assez convaincant. À chaque fois qu’il se met à chanter, on est un peu surpris de ne pas entendre « Aimer c’est ce qu’il y a de plus beau », et puis on finit par s’y faire et apprécier le moment (et puis il a quand même bien glow up depuis le début des années 2000, ce qui n’enlève rien).
Bref, si vous êtes un·e fan inconditionnel·le de Notre Dame de Paris, que vous rêvez de revivre ce spectacle mythique dont vous ne gardez qu’un souvenir flou, n’hésitez pas, vous serez immédiatement transporté·e dans le temps et vous passerez un bon moment, c’est certain. Si vous êtes plus novices, parce que trop jeunes en 1998 pour apprécier cette masterpiece, ou bien pas un·e adepte de comédies musicales, attention, préparez-vous peut-être à quelques longueurs et incompréhensions. Mais dans l'ensemble, tout se passera bien.
Notre-Dame de Paris
Palais des Congrès
2, place de la Porte-Maillot – 17e
Jusqu'au 7 janvier 2024
Plus d'infos et billetterie