Le Bonbon

Théâtre : le Coup de folie d'Anaïs Aidoud

Après que sa voisine bourgeoise-insatisfaite sexuelle lui a offert un ouvrage de Jean Cocteau, elle en est convaincue : Anaïs est la réincarnation du dramaturge. Tout coïncide : ils sont nés à la même heure, le même jour, à quelque centaine d’années de différence seulement.


Tous les personnages qu’elle rencontre au cours du spectacle (une infirmière cagole échangiste, une voyante avec un strabisme, une bobo blogueuse accro à Insta) viennent appuyer le propos : Anaïs a beau subir le syndrome de la page blanche, elle n’en est pas moins une écrivaine digne de son père spirituel.

Elle danse, chante parfois, change de costume, de peau aussi. Pendant une heure, Anaïs incarne tous les rôles qui traversent son spectacle et sa vie rêvée d'écrivaine ratée de l'Ile Saint-Louis avec une acuité étonnante. On rit beaucoup, porté par un public conquis (la fièvre du samedi soir ?), mais on est aussi touché par le scénario. En filigrane de ce spectacle comique, on décèle les faiblesses refoulées de la narratrice (« dépressive, moi ?! »). Mais attention : le pathos est ici totalement prohibé. Pas besoin non plus de tendre beaucoup l’oreille pour ressentir la finesse des mots, la façon dont ils viennent ça et là désamorcer l’humour et pour constituer une satire de la société contemporaine. Celle des millenials ultra compulsifs. Bref, la nôtre.

Pourquoi on aime  : C'est frais, drôle, moderne et moqueur, juste ce qu'il faut. 

L'actrice en une phrase : Survoltée, elle fait partie de cette génération de comédiens un peu désabusés, insatisfaits, mais qui préfèrent du moins en rigoler. Efficace.

La réplique à garder : « T’façon aujourd’hui on tape de tout, on se tape des mecs, on se tape des restos, on se tape des rails, on se tape des barres… on s’en tape ».

On y va avec qui : Nos potes, et nos aïeux ouverts d'esprit. 


Tous les samedis à 20h30

Théâtre Le Lieu
41, rue de Trévise - 9e